Valérie Hayer : la belle inconnue du macronisme
La tête de liste de Renaissance aux Européennes a des atouts. Femme, compétente, décidée, combattive et issue de la ruralité. Saura-t-elle s’imposer dans le duel Attal-Bardella ?
Évidemment, quand une liste électorale se cherche une tête, mais que les sondages lui donnent plus de 10 % des suffrages de retard par rapport à son principal concurrent, les candidats ne se pressent pas au portillon. Dans la macronie, personne n’avait donc véritablement envie d’aller prendre des coups aux élections européennes du 9 juin prochain. Jean-Yves Le Drian, Julien Denormandie, Bruno Le Maire se seraient soigneusement défaussés.
D’autres se proposaient de réhabiliter l’ex-ministre des Transports, Clément Beaune, ex-secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, exclu du gouvernement pour son opposition déclarée à la loi immigration, et susceptible de rallier les électeurs de cette gauche modérée, hostile au mélenchonisme et fâchée avec le macronisme.
Toutes ces manœuvres ayant fait chou blanc, est apparue au firmament du groupe Renaissance, adoubée par Emmanuel Macron, une jeune femme de 38 ans, inconnue du grand public. Ce qui, face à un Jordan Bardella qui mène la liste du Renouveau national et dont la cote de popularité atteint des sommets, représente un sérieux handicap. Valérie Hayer possède néanmoins sun certain nombre d’atouts.
D’abord ses compétences européennes. Présidente du groupe libéral, « Renew europe » au Parlement européen dont font partie les élus macronistes, elle a remplacé Stéphane Séjourné lorsqu’il a été nommé ministre des Affaires étrangères. À Bruxelles, elle a coordonné la Commission des budgets et s’est activée au moment du financement de la lutte contre le Covid. Elle connait bien la machine européenne.
Cette diplômée de Droit public a fait ses premières armes politiques dans son département d’origine, la Mayenne. Dans cette terre démocrate-chrétienne, elle a d’abord milité à l’UDI, ce parti de centre droit, avant d’enjamber le Modem pour rallier Emmanuel Macron en 2017. Entre temps, à 21 ans, elle a mené , en seize ans, une carrière d’élue locale qui l’a conduite du conseil municipal de son village de Saint-Denis d’Anjou à la vice-présidente du conseil départemental. En 2017, le siège de sénateur lui échappe de peu. Deux ans plus tard, elle est élue au parlement européen. Une carrière d’élue rapide, qui révèle une implantation locale solide.
Second atout. Elle se présente comme : « fille, petite-fille, sœur, belle-sœur d’agriculteur ». Par ces temps de crise agricole dans laquelle l’Europe est sérieusement impliquée, cela tombe bien. Elle s’est d’ailleurs empressée de faire un tour au salon de l’Agriculture où elle s’est montrée enjouée et à l’aise dans un milieu qu’elle connait bien.
Malgré tout son talent, le plus dur sera pour elle d’arriver à se faire une place dans le duel Attal-Bardella. Il s’annonce féroce. Elle a déjà violemment attaqué le Rassemblement National sur ses contradictions européennes et ses penchants « poutiniens. » Démontrant un tempérament combatif qui ne la destine pas à jouer les simples potiches. Soit. Mais elle joue gros.