« Veni, vidi, Vichy »
Quand la presse étrangère étrille Macron.
Le mensuel de gauche italien Il Manifesto affiche la Une la plus représentative de ce que pense la presse internationale de la séquence politique ouverte en France depuis le 9 juin au soir. Un Macron en costume noir se tient, solennel, barré des mots : « Veni, vidi, Vichy ».
Même son de cloche dans le belge Le Soir, dont un éditorial sans concessions dresse la responsabilité du chef de l’Etat, qui « loin de protéger, pour de bon, son pays de l’extrême-droite, l’a légitimée en lui abandonnant délibérément les urnes ».
L’allemand Die Rheinische Post lui emboîte le pas et dénonce un Macron qui a « joué à la roulette russe mais s’aperçoit après coup que son revolver était complètement chargé ». Et le Stuttgarter Zeitung de pointer l’absence de responsabilité du président : n’importe où ailleurs, un responsable politique « démissionnerait après une telle défaite ».
Le quotidien libéral de gauche Süddeutsche Zeitung constate, amer, qu’Emmanuel Macron n’a pas su comment s’adresser à « son peuple – et de nombreux Français ont tendance à penser que le paradis dans lequel ils vivent est l’enfer. »
Dans la presse publique turque TRT, la crise va bien au-delà de la personne d’Emmanuel Macron et s’étend à son programme et aux institutions : « L’éclatement d’un système en place depuis 1960, sous la houlette d’un président qui avait promis d’instaurer un ordre néolibéral et qui n’a tenu aucune de ses promesses, a conduit la société française aux extrêmes, de droite comme de gauche ».
Pour le quotidien espagnol El Pais, « l’extrême-droite a accéléré la fin du macronisme ». L’incompréhension domine en deçà des Pyrénées, où la décision de convoquer ces élections anticipées n’est pas non plus comprise. « Ce qui est inhabituel, c’est que c’est Macron lui-même qui, avec la dissolution parlementaire, l’a précipité ».
Seul le quotidien de centre-gauche polonais Gazeta Wyborcza essaie de voir le verre à moitié plein : « Les Français ont élu des populistes, mais ne leur ont pas encore donné le pouvoir », à cause notamment d’un « président qui n’a plus été aussi impopulaire depuis longtemps. »
Le journal en ligne hongrois Telex se projette déjà et pense qu’« une nouvelle impasse peut facilement surgir si aucun bloc ne dispose d’une majorité absolue, alors que de nouvelles élections ne peuvent avoir lieu avant 12 mois en raison d’élections anticipées ».