Vers une confrontation Iran- Israël ?

par Agnès Levallois |  publié le 29/04/2024

Téhéran et Jérusalem jouent un jeu dangereux, le Liban du Hezbollah risque de s’enflammer, Washington s’inquiète, mais Netanyahou ne renonce pas à une offensive sur Rafah…

Agnès Levalllois

Alors que la guerre à Gaza se poursuit avec son dramatique bilan humain, les regards se sont détournés pendant quelques jours de l’enclave palestinienne. Que s’est-il passé ? Le monde a retenu son souffle après l’attaque le 1er avril du consulat iranien à Damas par l’armée israélienne. Chacun y allait de son commentaire, Téhéran allait-il ou non réagir ? En fait, les Iraniens ne pouvaient pas rester sans réagir, le ciblage de sa mission consulaire représentant une ligne rouge à la différence de ses infrastructures qui sont touchées depuis des années sur le sol syrien par Israël. 

En effet, pour ce dernier, il est hors de question de laisser l’Iran s’installer à sa frontière sans réagir. Le 13 avril, l’Iran riposte en envoyant quelque 300 missiles et drones qui sont interceptés à plus de 90 % prouvant ainsi l’efficacité de ce qu’on appelle le dôme de fer, système de défense aérienne permettant d’intercepter des roquettes et obus. La stratégie iranienne qui a consisté à choisir des cibles militaires et à prévenir de l’attaque visait à adresser un signal à Israël, mais sans aller trop loin pour éviter l’escalade. 

Proportionnalité

C’est ainsi qu’on a parlé de proportionnalité dans la réaction. Téhéran est conscient de ses limites par rapport à Israël et de l’asymétrie stratégique entre les deux pays. Tel-Aviv, de son côté, a pu montrer sa supériorité en actionnant le dôme de fer et en répliquant ensuite, mais en faisant également attention à ne pas surréagir là encore pour éviter l’escalade. Les deux pays sont engagés dans une séquence où l’erreur peut conduire à une déflagration régionale que les États-Unis veulent éviter à tout prix et qui ne servirait les intérêts d’aucune des deux parties. 

La grande interrogation depuis cette séquence se porte sur le Liban. La situation au sud du pays est inquiétante : le Hezbollah, principal allié de l’Iran échange quotidiennement des tirs avec Israël à la frontière et Israël frappe le territoire libanais de plus en plus en profondeur. Le parti de Dieu évite d’aller trop loin pour éviter une riposte israélienne dévastatrice d’autant que le bilan est déjà lourd, près de 400 libanais dont une majorité de membres du parti de Dieu et environ 80 000 habitants de cette région sont partis sans espoir de pouvoir y retourner pour l’instant.

Cette situation pousse la diplomatie régionale et internationale à tenter une nouvelle médiation pour arriver à un cessez-le-feu à Gaza et permettre ainsi une accalmie sur le front libanais. Mais rien n’arrêtera Benyamin Netanyahou qui veut lancer l’offensive sur Rafah en dépit de mises en garde de Washington. La situation reste explosive et tant que Joe Biden n’exigera pas de son allié un arrêt des combats le pire est à craindre.

Agnès Levallois

Editorialiste Etranger - Vice-présidente de l'IREMO