Victoire possible pour le RN
Une enquête solide de l’IFOP montre que les lepénistes peuvent devenir majoritaires à l’Assemblée. Seul un bon report des voix non-RN peut écarter le danger.
Premier sondage à peu près fiable (mais non-prédictif, évidemment), publié par l’IFOP pour Le Figaro et Sud Radio. Cette fois, les candidats et leurs étiquettes sont connus, les alliances stabilisées, les programmes publiés : avec les précautions d’usage, on peut désormais raisonner sur des chiffres, même s’ils sont appelés à évoluer.
Constat étonnant : tout le monde est plus fort qu’on le pensait. Plus exactement, les trois grandes coalitions ont toutes gagné des points par rapport à 2022. Plus de quinze pour le RN, à 34 %, ce qui le met en position d’être le premier groupe du futur Parlement et peut-être d’atteindre, avec les « ciottistes », la majorité absolue. Avis de tempête, donc.
En deuxième position, la gauche gagne 4 à 5 points par rapport à 2022, à 29 %. Pas assez pour remporter la majorité, mais assez pour devenir la première force d’opposition en cas de victoire RN, ou se rendre incontournable en cas de chambre sans majorité. Il semble bien, à considérer les précédentes enquêtes, que le rééquilibrage se poursuive en son sein : comme l’atteste le bon résultat de Raphaël Glucksmann aux Européennes (sur une ligne sociale-démocrate), le PS se redresse en nombre de voix et peut-être en sièges cette fois-ci. De toute évidence, la domination de LFI sur la gauche vacille.
Surprise
Relative surprise, enfin : l’ancienne majorité macronienne se rétablit quelque peu par rapport aux européennes, à 22 % et non plus 14 %, comme dans le scrutin du 9 juin. Est-ce le résultat du pilonnage contre « les extrêmes » enclenché par Emmanuel Macron, repris en chœur par ses lieutenants et une partie des médias ? Peut-être. Il est vrai que LFI leur donne avec application du grain à moudre. On remarquera d’ailleurs que la gauche, qui paraît requinquée, est tout de même à un bas niveau (moins de 30 %) par rapport à ses scores historiques. L’épouvantail Mélenchon fait son office, sans qu’un leader fort et reconnu soit là pour porter la bonne parole réformiste à la tête de la coalition. Ce sont enfin les petits partis qui paient les pots cassés de cette configuration : les LR tombent à 6 % et Reconquête à 2 %. Malheur aux troisièmes couteaux…
Tout peut encore changer, bien entendu, et la campagne peut faire bouger les lignes. Mais si ces proportions se maintiennent, la partition en trois blocs, dessinée par l’enquête du Figaro montre qu’il y aura de nombreux duels extrême-droite-gauche au second tour, lesquels seront tranchés, souvent, par les électeurs d’Emmanuel Macron.
D’où l’urgence de préparer un report général des électeurs non-RN sur la candidature anti-RN, quelle qu’elle soit et, en cas de triangulaire, un désistement républicain en faveur du candidat non-RN le mieux placé. Sinon, par légèreté ou par entêtement, on changera les 34 % de voix RN en 50 % des sièges.