Victoria Amelina, poétesse ukrainienne assassinée

par Sandrine Treiner |  publié le 04/07/2023

Elle se battait pour obtenir la justice contre les crimes de guerre. Elle est morte dans un bombardement de civils dans un restaurant de Kramatosrk

Obsèques de Victoria Amelina, 37 ans à Kiev -Photo Sergei SUPINSKY / AFP

Une voix a disparu. La voix sensible de Victoria Amelina, écrivaine et poétesse, morte le 1er juillet, à 37 ans. Touchée à la tête par l’explosion d’un missile russe de haute précision qui avait ciblé une pizzeria de la ville de Kramatorsk, au sud-est de Kiev, elle n’a pas survécu à ses blessures. Victoria Amelina est désormais la treizième victime de bombardement de civils.

Elle se trouvait là avec des écrivains et journalistes colombiens, qu’elle accompagnait dans la région de Donetsk où ils venaient eux-mêmes pour témoigner ensuite dans leur pays de la guerre. Membre du Pen Club Ukraine, auteure de romans, d’essais et de livres pour la jeunesse, elle avait également publié le journal de Volodymyr Vakoulenko, écrivain capturé et assassiné par des soldats russes lors de la prise de sa ville, Izyoum, près de Kharkiv.

Comme un grand nombre d’intellectuels et de journalistes, Victoria Amelina avait choisi de rester en Ukraine, après le 24 février 2022, pour mettre ses forces au service du combat contre l’agresseur. Elle le faisait notamment au sein de Truth Hounds, une organisation installée à Kiev qui documente la guerre en temps réel.

Depuis le début du conflit, et au vu des violences perpétrées par l’armée russe, la société ukrainienne a engagé une course contre la montre et contre l’oubli pour récolter tous les témoignages et preuves possibles, afin de permettre à la justice internationale de juger les criminels. Tous les criminels, et Vladimir Poutine en premier lieu.

Le Centre international pour la poursuite du crime d’agression russe (CICA) vient d’ouvrir à La Haye, en vue de la création d’un tribunal spécial international. Victoria Amelina aura contribué à ce travail de mémoire et de justice. Elle qui luttait contre les crimes de guerre n’est plus, victime d’un nouveau crime de guerre.
Le jour où les criminels seront condamnés, il faudra se souvenir de son nom.

Sandrine Treiner

Editorialiste culture