« Ville intelligente »

par Delphine Lalu |  publié le 02/07/2023

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Dico Politique

Est considérée comme intelligente une ville capable de se doter des moyens technologiques modernes supposés améliorer la qualité de vie des habitants. Smart city, ville connectée, ville numérique… une ville est d’autant plus smart qu’elle réussit à mettre en place des capteurs de données pour fournir des informations permettant de mieux gérer les ressources, les réseaux et les infrastructures.
Une ville qui centralise toutes les informations sur la vie dans les écoles, dans les bibliothèques, les hôpitaux, sur les systèmes de transport, de déchets…

Le développement du concept est fortement encouragé par l’Union européenne pour des questions de performance des services publics, favorisée par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft).

Pour être vraiment « smart », intelligente, une ville doit pouvoir compter sur une démultiplication des objets connectés dans la vie privée comme dans les entreprises. Qui est cette entité définie comme « ville » ? Une personne morale, physique, une chimère ? Qui est intelligent pour finir ?

Le fournisseur de gestion des données, celui qui installe les équipements numériques, celui qui les collecte et les stocke, celui qui les analyse ou le donneur d’ordre qui ne maîtrise finalement pas grand-chose des effets de la technologie ?

Avec le philosophe Bernard Stiegler, nous pouvons affirmer que le concept de ville intelligente deviendrait invivable s’il n’était pas maîtrisé par les citoyens. Avec, en corollaire, une réflexion sur la responsabilité des opérateurs en matière de propriété et d’utilisation des données personnelles. Et sur l’usage de ces informations par les pouvoirs publics.

Certains se réjouiraient peut-être de pouvoir capter la vie des gens – en période d’émeutes ? – pour être en mesure d’éviter le pire, mais de la smart city au léviathan, il n’y a qu’un pas. Et là, la technique cède la place à l’homme, bon ou mauvais.

Delphine Lalu