Viols du Hamas : l’idéologie déchire les féministes
Fracture brutale à gauche parmi les féministes. Entre celles qui dénoncent les violences faites aux femmes par le Hamas, et celles qui les minimisent ou les ignorent. Au nom de la «résistance»…
L’Histoire retiendra que la gauche française vient de se scinder en deux sur un sujet qui aurait dû faire l’objet d’une position unique et solidaire. Comment se disputer sur la qualification des massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier dans plusieurs kibboutz israéliens, voire sur sa simple dénonciation ? Des faits documentés en temps réel, par les survivants des attaques. Et par les bourreaux eux-mêmes.
L’aveuglement idéologique révélé à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes du 25 novembre, aura rajouté à l’infamie. Ce jour-là, un groupe d’une centaine de personnes – au nom de « Nous vivrons » – veut se joindre au cortège, place de la Nation. On les repousse.
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Ce collectif, créé après le 7 octobre, veut alerter sur le silence spécifique des associations féministes concernant les viols, meurtres et mutilations sexuelles auxquels se sont livrés les terroristes islamistes. Composé notamment d’anciens membres de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France ) et de militants de SOS Racisme, ses membres brandissent des pancartes: « Metoo unless you are a Jew » ( Metoo sauf si vous êtes juive) ou « Féministes, votre silence vous rend complices ».
L’accusation est claire : les violences contre les femmes juives n’ont guère fait l’objet de dénonciation spécifique. On soupçonne même qu’elles ont été volontairement mises sous le tapis par des figures comme Mona Chollet. Autrice d’un best-seller sur les sorcières, l’écrivaine pointe de manière unilatérale les femmes palestiniennes tuées dans les bombardements israéliens sur Gaza, façon d’induire une concurrence des victimes. Pour les mêmes raisons idéologiques, des organisations ont dénoncé certaines morts plutôt que d’autres ou ont joué la lenteur avant leur condamnation.
Comment une partie du mouvement féministe peut-il avoir oublié qu’il s’est construit précisément sur l’idée de ne plus faire dépendre les droits des femmes d’une idéologie globale et et en refusant d’attendre la libération du prolétariat avant d’obtenir la libération des femmes ?
Aveuglement
Une longue tribune, signée notamment par Laurence Rossignol, Martine Storti ou Catherine Vieu-Charier le rappelle : « L’aveuglement ou la minimisation des crimes du Hamas au nom de la « résistance », le consentement à son antisémitisme constituent une chute éthique inédite et une remise en cause de décennies de combats féministes.[… ] On ne saurait justifier les violences faites aux femmes au nom d’un combat jugé plus important, qui rend les autres combats secondaires et qui même les oublie. »
Ce pavé dans la mare a eu le mérite d’obliger tout le monde à se repositionner clairement. Anne-Cécile Maifert, présidente de la Fondation des femmes, a reconnu une « difficulté à faire émerger le sujet des violences sexuelles et sexistes commises par le Hamas », tout en considérant que « la condamnation est assez générale et unanime quant aux violences qui ont eu lieu ce jour-là » (le 7 octobre). Elle a en outre énoncé très clairement la dénonciation des crimes par son organisation et exhorté ses adeptes sur les réseaux sociaux à cesser de semer la division dans le mouvement.
Reste que le mouvement féministe s’est brisé ces dernières semaines face à l’horreur spécifique contre les femmes juives d’Israël le 7 mars. Une fracture qui risque d’être durable.