Vive la poésie !
Manifestation nationale et internationale, le Printemps des Poètes connaît un succès croissant, comme si les mots des poètes nous permettaient de nous évader d’un quotidien guerrier.

En ces temps de guerre où nous vivons saturés de bruits de bottes, de calibres de munitions, et de financement du réarmement, comme il faisait bon, ce lundi, au Palais Royal, entendre présenter au ministère de la culture la 27ème édition du Printemps des poètes, qui aura lieu du 14 au 24 mars, dans toute la France et bien au-delà…
Créée en 1999 par Emmanuel Hoog et Jack Lang, cette manifestation a « l’ambition de rendre la poésie accessible à toutes et à tous, d’impulser une dynamique commune autour de cette si belle forme littéraire ». Pari réussi. Des milliers d’événements, plus de 50 pays, 4 millions de jeunes inscrits pour des manifestations poétiques… Les chiffres témoignent d’un succès croissant, comme si les mots des poètes, d’hier et d’aujourd’hui, permettaient de partager l’imaginaire et le besoin de beauté, besoin essentiel du langage qui nous permet de nous évader d’un quotidien guerrier. Quel bonheur d’entendre Ariane Ascaride et Hippolyte Girardot, parrains du festival, nous lire des poèmes de Rimbaud, Roubaud ou Suzanne Dracius, qui nous vient de Martinique ! La poésie volcanique est le thème choisi cette année, l’énergie créative, l’éruption de l’imaginaire, « pour dire que la poésie quand elle jaillit afin de fendre l’horizon et montrer le monde autrement, est effervescence, débordement et, avant tout, force du vivant ».
Il y a tant d’évènements prévus que l’on ne peut tous les signaler, mais remarquons que la poésie s’invite à l’hôpital, à l’institut Gustave Roussy pour convier ses patients, leurs proches et le personnel médical à un concours d’écriture, afin d’appuyer les participants dans leur démarche créative. Des prix seront décernés le 26 mars à l’occasion d’un spectacle de restitution. Faire connaître les jeunes poètes est un des buts de la manifestation, mais aussi les faire découvrir aux jeunes publics. Ne manquez pas non plus, le 27 mars à 18h30, la lecture musicale à la Sainte Chapelle durant laquelle Ariane Ascaride lira des vers volcaniques en compagnie du musicien Peter von Poehl.
L’année dernière, le printemps des poétes avait sombré dans une polémique née du choix contesté de Sylvain Tesson comme parrain de la manifestation. La crise de gouvernance a été surmontée grâce à Emmanuel Hoog qui en a repris la présidence. Preuve que les mots des poètes permettent de surmonter les difficultés.
Pour soutenir le Printemps des Poètes, LeJournal.info publiera régulièrement un poème contemporain. Voici le premier texte que nous avons choisi…
Une mère dans la guerre
C’est bien lui pourtant
ton enfant
amputé sitôt de ses rêves
dont le regard retient encore l’écho
dont l’image restera là
dans la gaze dont on l’enveloppe
comme sur un saint suaire fabriqué en série
dans une usine d’armement
vous avez la même couleur
où tes larmes ont lavé sa peau
de la poussière et du sable levés par l’explosion
Ce sable que n’apporteront
pas ses pas
que ses mains ne feront pas couler
qui comptera loin de lui les années de sa vie
Ce sable
qu’il appartiendra au vent de rendre au désert
Passage au marbre, Alexis Bernaut, L’herbe qui tremble, 2024