Zemmour : ah, le bon vieux temps de la milice !

par Yoann Taieb |  publié le 09/12/2023

Le parti d’Éric Zemmour vient de lancer en grande pompe le GSR, son « Groupe de Sécurité Reconquête ». Organe de protection du parti ou vilain retour de la phalange ?

D.R

Les proches de Zemmour justifient sa création par le besoin de se protéger des perturbations subies lors de leurs déplacements, évènements, réunions publiques ou encore lors des séances de dédicaces de l’ancien candidat à la présidentielle. Selon eux, le « Groupe de Sécurité Reconquête » ne fait qu’officialiser et institutionnaliser le service de sécurité du parti qui existait déjà et existe, généralement, dans tous les partis. Il est vrai que très souvent des militants opposés au parti Reconquête se donnent rendez-vous pour interrompre ou perturber les évènements en cours.

Damien Rieu explique que « la campagne officielle des Européennes a commencé le 1er décembre. Des évènements publics et déplacements sont donc organisés dans les prochaines semaines. C’est ce besoin en sécurité auquel répond cette annonce. »

Stanislas Rigault, le président de Génération Zemmour nie tout lien avec les évènements récents de Romans-sur-Isère : « La date de lancement de notre service d’ordre a été annoncée aux militants du parti bien avant les évènements de Romans-sur-Isère. Il s’agissait de permettre aux bénévoles de toute la France de s’organiser en vue de monter à Paris. La question du timing est donc un non-sujet ».

Albéric Dumont, responsable de la sécurité pour Reconquête, explique que les membres du GSR auront des responsabilités élargies, comme la coordination avec les autorités (préfecture, police, gendarmerie). Ils seront chargés de l’accueil, de l’orientation et du filtrage des participants. Le groupe compte environ 150 individus recrutés sur plusieurs critères : être adhérent, à jour de cotisation, un casier judiciaire vierge et réussir un entretien. Le parti certifie que sont exclus tous les proches des groupes violents d’extrême droite.

La création du groupe a été annoncée par un message laconique sur X de Reconquête!, photos à l’appui, montrant qu’Éric Zemmour avait « officiellement lancé le Groupe de Sécurité de Reconquête. Merci à eux ! Vive le GSR ! »

La création de cette entité suscite déjà la polémique. Le PS, par la voix de son porte-parole Pierre Jouvet a dénoncé le retour des « pratiques de l’extrême droite des années trente, avec la création de milices » et demandé sa dissolution immédiate : « Le parti Reconquête est sur le point de se transformer en phalange, c’est pourquoi nous demandons la dissolution de son Groupe sécurité. » 

Yoann Taieb