Carbone: deux tonnes de confort!

par Valérie Cohen |  publié le 08/06/2023

En matière de restriction climatique, les scientifiques demandent  l’équilibre avant 2050 . Ne faut pas émettre plus que ce que peuvent absorber océans et végétaux….mais comment donc, bon sang?

Photo Zakir Hossain Chowdhury / ANADOLU AGENCY

Il faut réduire les gaz à effet de serre du monde de 51 milliards de tonnes par an à moins de 10. Pour la France ,il faut passer de 610 millions de t/an à moins de 150 ,soit passer de 9 tonnes par personne et par an, aujourd’hui en moyenne à moins de 2 tonnes en 2050.

Dur ?
Mais le mécanisme de compte carbone apporte une bonne nouvelle : avec deux tonnes en 2050, nous aurons probablement le même confort qu’avec 6 tonnes aujourd’hui (et 50 % de la population française est en moyenne à 6 tonnes (selon Chancel et Piketty).

Par quel miracle ?
Celui de la concurrence entre entreprises qui voudront survivre.
En effet l’élément clé du mécanisme de compte carbone est l’étiquetage : il sera rendu incontestable par l’obligation de toutes entreprises d’imputer à leurs clients tout le carbone utilisé dans leurs productions et activités. Elles devront tenir un registre carbone de la même façon que la comptabilité, leur bilan annuel devra être équilibré pour qu’entrées égalent sorties.

Il ne peut y avoir dérive carbonée avec un tel suivi et la monnaie carbone en circulation diminuera mécaniquement de 6 % par an. Les entreprises qui ne décarboneront pas assez perdront leurs clientèles…

Prenons des exemples, les voitures électriques feront passer le budget moyen de transport individuel de 2800 kg de CO2 à zéro.
Un pantalon en moyenne à 23 kg aujourd’hui passe rapidement à 15 kg comme fait déjà l’entreprise 1083 ou les pantalons en lin normand de Tuffery. Ils sauront les amener à 10 puis 5 kg, réduisant le budget habillement de 2000 kg de CO2 par an.

Pour se nourrir, le budget moyen est aujourd’hui 2000 kg de CO2, on peut tabler sur moins de 500 avec la relocalisation des productions vivrières, la moindre consommation de viande qui viendra des pâturages et non plus des usines à viande tellement génératrices de méthane. Pour les services publics, l’affichage des gabegies de tous services peut diviser par deux ou trois les 1.5 t par personne d’aujourd’hui.

Pour le chauffage représentant 3 tonnes aujourd’hui, l’effet Peltier des nouvelles PAC (Politique Agricole Commune ) se sera généralisé comme les réfrigérateurs ont saturé les cuisines du 20e siècle. Le poste chauffage passera à zéro.
Nous voilà donc rassurés sur l’effet à moyen terme sur les ménages. Mais attention, l’effort est important et il n’y a pas que le CO2 à réduire, il faudra une vraie sobriété qui doit devenir le comportement le plus courant et encouragé culturellement.

Pour les économies nationales, la croissance du PIB aura disparue, mais on aura relocalisé les productions, en générant de l’emploi non délocalisable. Le luxe aura changé de cible en visant les activités culturelles non carbonées.

Les finances publiques auront trouvé leur équilibre pour assurer les services sociaux de notre société protectrice. Et surtout, les cinq continents auront suivi la voie de l’équilibre montrée par la France.

Valérie Cohen

Ecologie-Environnement