Carbone : respectez l’étiquette !
Il est une petite action qui pourrait avoir de grands effets : étiqueter les produits selon leur dépense carbone. Un projet de loi est prêt : il suffit de le voter (*).
Les dernières nouvelles de la planète sont pires que prévues, des inondations mortelles à répétition, des maisons qui fissurent, des ouragans qui se multiplient, des températures encore jamais vues dans l’hémisphère sud, le dernier enregistrement de l’ONU qui révèle que 57 milliards de tonnes de CO2 équivalent sont émises par l’activité humaine en 2023 alors que les puits de carbone (océans et forêts) absorbent de moins en moins – 10 à 15 milliards de tonnes…
Cette prise de conscience est souvent synonyme d’angoisse et d’impuissance paralysante. Ce malaise est devenu une pathologie très répandue : l’éco-anxiété, qui touche notamment une grande partie de la jeunesse. En témoigne une étude parue en 2021 dans la revue « The Lancet Planetary Health », qui montre l’ampleur de l’angoisse climatique. Elle révèle que 45% des jeunes sondés étaient affectés par l’éco-anxiété dans leur vie quotidienne. L’étude conduite auprès de 10 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans dans dix pays (Australie, Brésil, États-Unis, Finlande, France, Inde, Nigeria, Philippines, Portugal et Royaume-Uni), dévoile une réalité sombre : 75% des jeunes interrogés jugent le futur « effrayant », 56% estiment que « l’humanité est condamnée », et 55% qu’ils auront moins d’opportunités que leurs parents.
Par ailleurs une étude de l’institut ODOXA commandée en 2020 par le MEDEF (Mouvement des Entreprises de France) montre que 67% des français sont prêts à accepter des changements importants dans leurs modes de vie à condition qu’ils soient partagés de façon juste entre tous les membres de la société, et pour 41% qu’ils soient décidés collectivement.
Mais pour amorcer le changement, il faut savoir sur quoi agir. L’action collective et politique est évidemment la clé de ce changement mais des actions individuelles peuvent être menées à conditions d’y être incité. C’est pourquoi le collectif Compte Carbone, qui promeut la dotation de budget carbone égalitaire pour chaque citoyen, qu’on réduirait chaque année de 6%, propose un projet de loi – Loi Poids Carbone – qui serait un petit pas vers une grande action : obtenir l’étiquetage des contenus carbone de tous produits et services, en sus du prix, afin de rendre visible, à chaque achat, le poids carbone de nos consommations. Le tout accompagné par des campagnes d’informations pour donner des repères concrets aux citoyens (moyenne nationale, cibles à atteindre, solutions alternatives, etc.) sans aucune sanction, juste de l’information.
L’action peut aider à réduire et à supporter l’angoisse face à la destruction de notre environnement dont la qualité est la condition de notre survie. Cette proposition peut y contribuer. Elle est pédagogique, pratique et incitative autant pour les consommateurs que pour les industriels qui seront alors engagés dans un nouveau type de concurrence.
Valérie Cohen
(*) La recherche de députés pour porter ce projet est en cours. Si vous voulez soutenir le projet, signez l’appel sur le site loipoidscarbone, ici.