Claudia Sheinbaum, première femme présidente du Mexique

publié le 03/06/2024

Deux candidates briguaient la présidence, emportée par la candidate de gauche, lors d’une campagne marquée par une extrême violence

La candidate à la présidence du Mexique, Claudia Sheinbaum Pardo, gagnante virtuelle, avec 58 % des voix - Photo par Carlos Santiago/Eyepix Group

Le Mexique vient, à l’occasion de ses élections générales (20 000 postes à renouveler), d’élire pour la première fois une femme présidente. Le pays qui fit jadis du machisme un trait définitoire de la « mexicanité » aura à sa tête l’une de celles dont il voit le martyre se perpétuer. Au Mexique, quelque 4 000 femmes sont assassinées tous les ans.

L’élection présidentielle de dimanche a placé aux deux premières places Claudia Sheinbaum Pardo pour l’alliance populiste de gauche et Xóchitl Gálvez pour la coalition libérale et conservatrice modérée.

Les 98,3 millions d’électeurs se sont prononcés : Sheinbaum Pardo l’emporte avec 58 à 60 % des suffrages. Sa rivale recueille de 26 à 28 % des voix. Le jeune centriste Jorge Alvarez Maynez, candidat de dernière minute du « Movimento ciudadano » (Mouvement citoyen), de centre-gauche, décentralisateur et promoteur d’un parlementarisme renforcé en terre de pouvoir présidentiel fort, termine en troisième position avec 10 à 11 % des voix. La coalition de l’élue obtient la majorité aux élections législatives et remporte élections étatiques et municipales.

Le programme de Sheinbaum Pardo, ancienne membre du GIEC et maire de Mexico, faisait siens les axes de celui de son prédécesseur Obrador : péréquation territoriale, lutte de proximité contre le crime, séparation accentuée des pouvoirs, mise sous tutelle keynésienne de la banque centrale, augmentation du niveau de vie des humbles, souveraineté affirmée face aux exigences américaines en matière de politique migratoire ou de lutte anti-drogue.

Mais la candidate s’affichait plus allante en termes de sécurité et plus sensible aux questions d’écologie qu’AMLO.

Déchaînement de violence

La campagne a été marquée par un déchaînement de violence : entre 25 et 37 candidats locaux, selon les sources, ont été assassinés ; 2 000 se sont retirés. Dans l’État central de Puebla, deux personnes ont trouvé la mort dans la journée d’hier lors d’attaques contre des bureaux de vote.

Le caractère « territorial » de ces crimes dit tout de la stratégie des cartels de Jalisco, de Tijuana, du Michoacán, du Golfo, du Sinaloa, de Ciudad Juárez, de Sonora ou de Los Zetas : peu soucieux d’empire national, ils préfèrent lier sans jalon intermédiaire, à la façon de la Ndrangheta calabraise, esprit de clocher  et projection internationale.

La tâche qui attend la présidente en matière de lutte contre le crime est âpre : depuis 2018, 100 homicides par jour sont relevés au Mexique, 30 500 l’ont été pour la seule année 2023. La création, en 2019, d’une « garde nationale » de proximité d’environ 75 000 hommes n’a pas suffi à endiguer une mainmise locale qu’étaient de nombreux réseaux coordonnés et que défendent sur le terrain 100 000 trafiquants en armes, pour un gain annuel de 17 à 38 milliards de dollars… Le double du budget de défense mexicain.

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