Conso : les excès, c’est les autres

par Valérie Cohen |  publié le 12/04/2024

En matière de sobriété, Les Français sont collectivement pour des efforts, mais beaucoup moins individuellement

Un enfant, le froid, l'hiver. Theme de la precarite et de la sobriete energetique- I.A Photo Martin Bertrand / Hans Lucas

L’ADEME, l’agence de la transition écologique a lancé un nouveau baromètre annuel, intitulé « Sobriétés et modes de vie », pour comprendre et connaître les pratiques et les représentations des Français en matière de sobriété. L’enquête, réalisée en 2023, a interrogé 4 000 personnes de 18 à 75 ans sur leurs habitudes dans six domaines : mobilité, tourisme, numérique, alimentation, logement, consommation de biens et services, ainsi que sur leur perception de la sobriété.

83 % des sondés considèrent qu’en France nous avons « tendance à accorder trop d’importance à la consommation matérielle » et 77 % pensent que « notre manière de consommer est nuisible à l’environnement ». Ils pensent majoritairement que « les autres » consomment trop alors qu’eux-mêmes sont plutôt sobres. À la question « diriez-vous que les gens consomment trop en France ? », 83 % ont répondu oui. Mais seulement 28 % ont le sentiment, les concernant, de consommer trop. Par ailleurs, 82 % estiment avoir un mode de vie déjà sobre.

Leurs efforts sont souvent liés à des motivations économiques. 84 % par exemple déclarent s’habiller plus afin de baisser la facture énergétique. La moitié des Français ont aujourd’hui recours au marché de seconde main. 76 % d’entre eux pour limiter leurs dépenses et…51 % pour pouvoir consommer plus à budget équivalent (!).

14 % des sondés ne possèdent pas de véhicule automobile. Principalement pour des raisons financières. Les foyers disposant d’au moins deux véhicules ne sont que 46 % à envisager de n’en avoir qu’un. Et 89 % n’envisagent pas de se passer de voiture. La proposition de n’avoir aucun véhicule est rejetée par 89 % des personnes interrogées. Parmi les Français qui prennent l’avion (moins de 20 %), les efforts sont un peu plus prometteurs. 51 % accepteraient d’en limiter l’usage à une fois par an et moins d’un sur trois (31 %) pourraient envisager de complètement l’abandonner.

Sur le front de l’alimentation carnée, à peine un Français sur cinq qui mange de la viande tous les jours « considère en manger trop ».  Et 61 % des personnes qui en mangent plusieurs fois par semaine refusent catégoriquement de diminuer leur consommation à deux fois par semaine. Ne plus en manger du tout est exclu pour 78 %. Or, ces trois postes (voiture, viande, avion) figurent parmi les « poids lourds » de la balance environnementale des particuliers… Moins consommer dans ces domaines serait crucial.

Bref, les Français ne se reconnaissent pas dans la figure du sur-consommateur. Ils ne remettent pas en cause leurs propres pratiques et sous-estiment probablement l’impact de leur comportement individuel. Ils attendent un engagement collectif. 74 % d’entre eux pensent que le gouvernement devrait privilégier la protection de l’environnement à la croissance économique ! Cette première édition du baromètre rappelle donc « l’importance majeure d’une planification écologique claire, crédible, juste et suivie d’effets pour engager l’ensemble des citoyens ».

Valérie Cohen

Ecologie-Environnement