COP 28: Sommet des fossiles ou des possibles

par Jean-Paul de Gaudemar |  publié le 03/12/2023

La COP 28 se tient à Dubaï jusqu’au 10 décembre. Trop tôt pour conclure, mais pas trop tard pour poser les questions les plus importantes auxquelles elle devra répondre

Le président de la COP28, Son Excellence Dr. Sultan Al Jaber, lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique COP28 à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 30 novembre 2023 - Photo Jakub Porzycki / NurPhoto /

Aussi curieux que cela puisse paraître, la question de la production et de l’usage des énergies fossiles n’a jamais vraiment été au cœur des négociations sur le climat lors des COP précédentes. Cela peut se comprendre dans l’optique de faire asseoir tout le monde autour d’une même table.

Mais pour une COP tenue dans un pays gros producteur d’hydrocarbures (Émirats arabes unis), présidée par un ministre également président de la compagnie pétrolière nationale, et à un moment où jamais-le monde n’a produit autant d’énergie d’origine fossile, la question semble cette fois aller d’elle-même.

Cette COP 28 va devoir faire le bilan de l’accord de Paris, huit ans après. Aucun mystère, observateurs comme rapports officiels concluant tous au non-respect de cet accord par la plupart des pays. La trajectoire thermique de la planète est donc non conforme à l’objectif initial d’un gradient de température n’excédant ni le +1,5 °C ni même le +2 °C d’ici 2050.

Plus question dès lors question d’éviter la nécessité de limiter des énergies d’origine fossile. Elles constituent, via leurs émissions de gaz à effet de serre, 70 % des causes du réchauffement.


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Les pays producteurs n’accepteront pas facilement de telles préconisations, en particulier les plus gros émetteurs, ltels les États-Unis ou la Chine qui refusent par avance toute contrainte. Pékin joue à cet égard un double jeu.  La République populaire est à la fois le plus gros émetteur de gaz à effet de serre , mais se veut, au sein de l’ONU à travers le groupe Chine +G77, le porte-parole des pays émergents réclamant une autre répartition des efforts.

Tous les pays gros producteurs de pétrole et de gaz, États-Unis, pays du Golfe, Chine, Russie, Norvège ou d’ailleurs prétendent au contraire ne pas vouloir limiter leur production en pariant sur des technologies encore immatures de captation ou de stockage du CO2. Au nom d’une demande encore forte, voire croissante au vu de leurs propres besoins comme de ceux des pays émergents. On peut douter que la COP 28 obtienne des engagements  de restriction.,au vu des travaux préparatoires et du pays hôte qui dirige les débats.

Bonne nouvelle, le Fonds « Pertes et dommages » a été définitivement acté dès lepremier jour. Il avait été créé lors de la COP 27 en Égypte pour renforcer l’équité sinon la justice dans la réparation des dégâts provoqués. Mais son rattachement au moins provisoire à la Banque Mondiale et le fait que ses contributions ne se feront que sur la base du volontariat traduit, une incontestable victoire des États-Unis et de ses alliés dans la discussion.

Et aussi la volonté de la Chine et d’autres pays producteurs d’hydrocarbures ou de charbon de ne pas se laisser enfermer dans un multilatéralisme ne leur convenant plus, toutes solennelles que soient les déclarations d’engagements financiers, elles restent loin des enjeux.

Certaines traditions ésotériques voient le nombre 28 comme celui du renouveau et de la fin d’un cycle complet. Il pourrait en aller ainsi de cette COP, celle d’un nouveau départ vers des horizons possibles et crédibles pour l’avenir de la planète, ou à l’inverse celle d’un nouvel échec sonnant son propre glas.

Jean-Paul de Gaudemar

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