Debout contre Macron, couchés devant Poutine

par Laurent Joffrin |  publié le 12/03/2024

La remarquable indigence des discours de LFI et du RN à propos de l’Ukraine traduit parfaitement la politique étrangère qu’ils mèneraient si par malheur ils accédaient aux responsabilités : le lâchage des démocraties amies, la veulerie face aux dictateurs.

Laurent Joffrin

Ce qui frappe dans le débat tenu hier à l’Assemblée ? Certes la forte majorité qui s’est prononcée en faveur d’un accord de défense avec l’Ukraine. Mais, surtout, la lamentable faiblesse des arguments déployés par la coalition des pro-Poutine pour justifier son refus du soutien à l’Ukraine agressée. Reprenons.

RN et LFI dénoncent en chœur la manœuvre « politicienne » ourdie par le gouvernement en organisant ce vote. Admettons : les macroniens ont sans doute trouvé utile de se poser solennellement en rempart contre les outrances et les lâchetés des extrêmes sur ce sujet. Mais l’opposition demande depuis longtemps que l’Assemblée débatte de l’engagement français auprès de l’Ukraine. Le jour où la discussion advient, le RN et LFI la dénoncent comme une simple combine. Quant à la position gouvernementale, soutenue par les socialistes et la droite républicaine, c’est la même depuis le début, quelle que soit la situation politique intérieure : soutien à l’Ukraine, refus de voir Vladimir Poutine récompensé pour son agression. Dès lors, on ne peut qualifier seulement de « manœuvre » la réitération de la même orientation stratégique.

« Soit on est pro-Macron, soit on est accusé d’être pro-Poutine », lance Marine Le Pen. Faux de toute évidence, comme le débat l’a démontré. LR et Le PS ont assorti leur soutien de critiques acerbes contre Emmanuel Macron. Autrement dit, ils ne sont ni pro-Macron, ni pro-Poutine. La formule choc se brise sur la réalité du débat.

Posture

Il faut négocier tout de suite, dit la France insoumise. Proposition absurde : Poutine attend la victoire de Trump en novembre et ne veut négocier que si l’Ukraine se rend. Quant aux autorités de Kiev, elles refusent de discuter quand l’armée russe occupe une bonne partie de leur territoire. La demande de négociation n’est qu’une posture, qui ne recouvre rien de tangible ni d’envisageable à court terme. Le risque d’escalade ? Il est inhérent à tout conflit de ce genre. Pour l’écarter totalement, il faut concéder tout de suite la victoire au dictateur russe.

Trois arguments, donc, trois aberrations logiques, stratégiques et géopolitiques, qui conduiraient, si par extraordinaire elles étaient mises en oeuvre, à la défaite des démocraties en rase campagne. La conclusion s’impose ainsi d’elles-mêmes : LFI et le RN, sous une rhétorique pacifique, camouflent maladroitement leur consentement à l’agression russe, dont ils espèrent au passage quelques bénéfices électoraux auprès d’une opinion inquiète. Résumons leur position : debout contre Macron, couchés devant Poutine.

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