Faut-il en finir avec l’UNRWA ?

publié le 03/02/2024

Israël accuse l’agence 12 de ses 13 000 employés d’être impliqués dans les attaques du 7 octobre. Les États-Unis et leurs alliés ont gelé leurs fonds à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Le monde est déchiré sur ce brusque retrait occidental. Par Malik Henni

Centre de distribution d'aide de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza - Photo Said KHATIB / AFP

La presse occidentale ne prend pas de gants et offre de pleines tribunes à des éditorialistes certains de la culpabilité de l’ensemble des agents de l’UNRWA. Les lecteurs du vénérable Sentinel Newspapers, un journal local représentatif de l’opinion du progressiste État du Maryland, peuvent y lire, sous la plume du directeur exécutif de « l’American Jewish International Relations Institute-Bnai Brith International » Gil Kapen un réquisitoire au vitriol qui nie le statut de réfugiés que l’UNRWA octroi aux Palestiniens : « l’horrible violence dont nous avons été témoins le 7 octobre est en effet le résultat direct de 75 ans d’endoctrinement selon lequel Israël est mauvais et temporaire, que les Palestiniens sont destinés à retourner dans leurs foyers légitimes (en Israël même) et que tous les moyens d’atteindre cet objectif ultime, aussi violents soient-ils, sont légitimes et glorieux. »

Pendant que l’Occident suit les accusations d’Israël envers l’agence onusienne, la situation humanitaire s’aggrave. L’Orient-le Jour, hérault de la presse libanaise francophone, fait part du sentiment de « catastrophe » qui s’empare du Liban en cas d’arrêt des financements : « par conséquent, si fin février les fonds ne parviennent pas à l’UNRWA, tous les services seront suspendus et cela devrait affecter les 240 000 Palestiniens installés au Liban. De plus, cela pourrait provoquer des troubles sociaux, car ces réfugiés sont pratiquement privés de tout et ils comptent beaucoup sur l’organisation pour leur survie. »

Le Global Times, le journal officiel du Parti Communiste Chinois, pointe le risque que fait peser ce retrait de subventions sur la population palestinienne déjà meurtrie : « des experts chinois ont déclaré que depuis l’éclatement du dernier conflit israélo-palestinien, les opérations de l’UNRWA ont rencontré d’importantes difficultés. Ses difficultés en termes de financement, de sécurité et de personnel ne feront qu’exacerber la crise humanitaire à Gaza et les difficultés de vie en Cisjordanie ».

Le China Daily va encore plus loin et défend becs et ongles l’agence: « Israël n’a aucune raison d’en nier la légitimité. Honte à ceux qui suspendent immédiatement leur soutien aux réfugiés palestiniens avant même que les accusations d’Israël ne soient étayées, tout en clamant haut et fort qu’ils se soucient de la vie des civils. »

Comment interpréter la décision occidentale d’appliquer ce que Michael Fakhri, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, désigne comme « une punition collective ? ». Depuis l’Afrique du Sud, où l’ensemble de la population est fier d’avoir porté la voix des Palestiniens à La Haye, l’Occident fait bloc. Le courrier des lecteurs du Sunday Times juge sévèrement : « il s’avère que lorsqu’il a fallu passer des paroles aux actes, l’Europe s’est retranchée derrière les États-Unis, qui agissent à la demande de l’influent lobby interne pro-israélien, tandis que l’Afrique du Sud, à la surprise de la communauté internationale, a défendu les principes d’humanité et de justice mondiale. »

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