Glucksmann : pour une révolution écologique

par Valérie Lecasble |  publié le 15/05/2024

Loin d’opposer l’une à l’autre, le candidat social-démocrate aux européennes croit en la transformation écologique pour bâtir une Europe puissance.

Le Parti socialiste français (PS) et la tête de liste du parti Place Publique Raphaël Glucksmann présente son programme dans le cadre de la campagne pour l'élection européenne du 9 juin, le 15 mai 2024 à Paris - Photo STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Il était venu annoncer les 337 mesures de son programme, il en a profité pour donner sa vision de l’après-scrutin des élections européennes le 9 juin : « Redéfinir ce que signifie être social-démocrate au XXIème siècle en Europe, et cela passe par la révolution écologique ». Une réflexion serait déjà entamée, avec notamment les Allemands et les Espagnols et à laquelle Raphaël Glucksmann participe activement. L’objectif est d’organiser « la rencontre entre la tradition sociale-démocrate et l’écologie politique », afin de bâtir une « puissance écologique européenne ».

Ce qui pourrait paraître une évidence ne va en réalité pas de soi, tant la social-démocratie puise ses racines dans la production, l’industrialisation et l’énergie nucléaire, des priorités que le candidat du PS et de Place Publique place au cœur de son discours. À l’inverse des écologistes qui assurent au contraire vouloir tout miser sur les énergies renouvelables, et vont, pour certains d’entre eux, jusqu’à envisager la décroissance pour sauver la planète.

À ceux-là, Raphaël Glucksmann assure qu’il « défendra tous les textes du Pacte vert », il prônera la « sobriété énergétique », et corrigera les incohérences de la Politique agricole commune (PAC), afin de l’orienter vers une agriculture durable.


À lire aussi sur LeJournal.info : Glucksmann dans la roue de Hayer

Il veut aussi lancer un « grand plan de rénovation thermique des bâtiments », surtout dans les écoles où les élèves ne devront plus avoir trop chaud l’été et trop froid l’hiver.

L’Europe du train assurera les transports pour donner un ticket au climat et 900 milliards d’euros seront investis sur dix ans pour construire un réseau électrique européen et des stockages, indispensables à la neutralité carbone promise en 2050. Une Europe écologique du bien-être cessera de tout mesurer à l’aune du Produit intérieur Brut (PIB) pour introduire d’autres critères de performance. Une Agence de planification écologique sera créée.

Toute la démonstration de Raphaël Glucksmann tend à cesser d’opposer le socialisme et l’écologie. Il défend au contraire l’idée selon laquelle « c’est par la transformation écologique que l’Europe s’affirmera comme puissance ». Il plaide pour une Europe des producteurs et non plus des consommateurs, appelle à une Europe puissante et souveraine qui fabrique sur place.  « L’Europe ne peut pas être le dernier continent qui croit au libre-échange généralisé », lance -t-il en défendant un « Buy European Act » qui protège la production européenne et propose d’instaurer un contrôle européen sur les exportations.

Une Europe solidaire, humaniste et juste qui relogera les 800 000 SDF européens. Une Europe féministe qui généralisera au continent les législations les plus favorables de vingt pays, comme les violences sexuelles en Espagne, l’égalité salariale en Finlande ou l’Interruption volontaire de grossesse en France. Une Europe sociale qui assure à tous la sécurité alimentaire. Mais aussi une Europe qui interdit le pantouflage et le lobbying des députés européens, s’attaque à la structure oligarchique des médias et taxe les plus hauts patrimoines pour récolter 200 millions d’euros par an.

Cette stratégie l’a hissé d’un score de 6,2 % en 2019 à des sondages, qui le placent aujourd’hui à 14 %. Sur la même période, les écologistes ont reculé de 13,5 % à 5 %. Comme un effet de vase communicant.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique