Ils veulent détruire l’Europe de l’intérieur !
L’extrême-droite ne tient plus à sortir de l’Union Européenne, elle préfère la subvertir pour la dénaturer. Danger! Par François Hollande
Après l’Italie, où un parti postfasciste dirige une coalition avec la droite, après la Finlande, où l’extrême-droite participe au gouvernement, après la Suède, où elle soutient une majorité conservatrice, les Pays-Bas sont à leur tour ébranlés par la victoire du parti souverainiste et anti-islam de Gert Wilders. Cette montée du populisme sur notre continent n’est pas nouvelle. La Pologne a connu pendant neuf ans un parlement dominé par une majorité aux valeurs contraires à celles de l’Union européenne et, si elle a été évincée lors des dernières élections législatives, son président appartient encore à cette sensibilité. De même Viktor Orban, ouvertement hostile à Bruxelles, gouverne la Hongrie d’une main de fer, avec une faveur coupable pour Vladimir Poutine, faveur qu’il partage avec le nouveau chef du gouvernement de la Slovaquie.
Et que dire de ce qui se produit en Allemagne, en Autriche, en Espagne, au Portugal, où l’extrême-droite, longtemps empêchée d’élever la voix par le poids de l’Histoire, aspire désormais à occuper, à tout le moins, la deuxième place sur l’échiquier politique. Dois-je évoquer enfin la France, où le Rassemblement national de madame Le Pen, face au vide laissé par les partis traditionnels, peut désormais remporter le prochain scrutin présidentiel ?
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Cette dynamique de l’extrême-droite, n’est pas propre à l’Europe. Le cycle a été ouvert par la victoire de Donald Trump en 2016, suivie par les succès de personnalités aussi fantasques que Bolsonaro au Brésil ou, aujourd’hui, Javier Milei en Argentine. Mais quoique résonnant dans le monde entier, ces expériences restent circonscrites aux États concernés. Il en va tout autrement pour l’Union européenne. La présence de plusieurs gouvernements souverainistes extrémistes, populistes, ou ultra-conservateurs lui pose un problème existentiel.
Aucune de ces forces politiques ne demande la sortie de son pays de l’euro et encore moins de l’Union européenne. Au contraire, elles se félicitent toutes des avantages du marché unique, des bienfaits des fonds structurels et de la stabilité de l’euro. Mais elles rompent avec les principes de solidarité qui fondent pourtant l’Union européenne.
Sous leur influence, l’Europe risque d’être réduite à une simple zone de libre-échange, à un espace où les investisseurs s’installeront là où c’est moins cher et où les travailleurs iront là où c’est mieux payé et, pour tout dire, à un guichet de subventions où viendront s’abreuver les assoiffés d’aides de toutes sortes, sans avoir à justifier de quelque contrepartie que ce soit en matière de droits humains, de démocratie ou même de contribution financière.
Une Europe qui serait peu à peu paralysée sur le plan politique, y compris dans son soutien à l’Ukraine, si le conflit devait durer au-delà de plusieurs années, une Europe empêchée de jouer son rôle en matière migratoire, une Europe incapable de conduire une politique climatique courageuse, une Europe interdite de disposer d’une politique de développement avec l’Afrique. Bref, une Europe vidée de ses compétences régulatrices, et privée de toute capacité d’intégration supplémentaire, notamment en matière de défense.
Les souverainistes sont dans la place. Ils n’ont plus besoin de sortir de l’Europe, c’est l’Europe qui sortira du mandat qui lui a été confié, à savoir bâtir l’unité dans la diversité. Ce ne serait plus l’Europe fédératrice des nations. Ce serait l’Europe asservie par les nations.
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