Immigration : le va-tout de Gérald Darmanin
Discuté ce lundi au Sénat, le projet de loi sur l’immigration veut mieux protéger les Français et mieux intégrer les étrangers qui travaillent. Le ministre de l’Intérieur joue gros
« Entre le délinquant et la nounou, vous choisissez la nounou. Moi aussi ». C’est ainsi que Gérald Darmanin illustre le projet de loi sur l’immigration dont la discussion démarre au Sénat lundi 6 novembre. D’un côté, la volonté de lutter contre les immigrés délinquants, de l’autre, celle de permettre la régularisation des travailleurs clandestins dans les métiers en tension comme l’hôtellerie, le BTP ou l’aide à domicile.
Au cœur de la polémique qui divise depuis de longs mois la classe politique, l’article 3 du texte stipule que les travailleurs sans-papiers présents en France depuis trois ans pourront obtenir un titre de séjour « métiers en tension » valable un an. Une perspective qui horrifie la droite. Les Républicains exigent son retrait et menacent de déposer une motion de censure. À gauche, au contraire, on exige son maintien au nom de la dignité humaine. Des parlementaires, du Modem au PC en passant par le PS et EELV, se sont même alliés sur le sujet.
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Depuis un an maintenant, le ministre de l’Intérieur a beau défendre les mérites de son projet qu’il juge équilibré en faveur d’une « immigration pragmatique », rien n’y fait. Chacun campe sur sa position. La droite multiplie ses exigences en vue d’un durcissement du texte qu’il s’agisse de faciliter les obligations de quitter le territoire français, d’allonger la durée de la rétention administrative, de supprimer l’Aide médicale d’État, de limiter le regroupement familial, de contraindre les pays d’origine à récupérer leurs ressortissants, de maîtriser le français, de retirer certains titres de séjour, ou encore de restreindre les demandes de droit d’asile. La gauche n’y est pas fondamentalement opposée, mais à la stricte condition qu’en échange, on traite mieux les étrangers qui travaillent et se sont intégrés . Pour la droite, pas question .
Les étrangers représentent « 10 % de la population française environ et commettent 50 % des crimes et délits de violence aux personnes, mais sont aussi surreprésentés parmi les victimes », insiste Gérald Darmanin, comme pour clarifier les dispositions de son projet. Si les immigrés sont davantage délinquants que d’autres, ce n’est pas une raison pour maltraiter 10 % de la population.
Décisive pour l’autorité du ministre de l’Intérieur, l’issue de la joute parlementaire qui s’annonce est impossible à anticiper. La validation du texte par la droite sénatoriale n’a pas empêché le dépôt de… 500 amendements. À se demander si le Sénat va pouvoir le voter.
Le contexte complique la donne. Entre l’effroi causé par l’assassinat de Dominique Bernard à Arras, l’anxiété déclenchée par la multiplication des actes antisémites en France et le désarroi provoqué par la terrifiante condition de la population dans la bande de Gaza, les Français réclament plus de protection.
Espérons que le projet de loi sur l’immigration ne sera pas pour eux l’occasion d’amalgamer leurs peurs.