Kennedy – Quel complot ? « La « balle magique » (4)

par Laurent Joffrin |  publié le 26/11/2023

Soixante après, le public est toujours persuadé que l’assassinat de John Kennedy est le résultat d’une ténébreuse machination. Est-ce si sûr ? Quatrième partie : l’argument choc des complotistes

Le sixième étage du bâtiment administratif du comté de Dallas abrite désormais le Sixth Floor Museum, consacré à l'histoire de l'assassinat du président américain John F. Kennedy. Le 22 novembre marquera le 50e anniversaire de l'assassinat de JFK sur la Dealey Plaza de Dallas- Photo by BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

On a enfin glosé sur la trajectoire de la balle qui a blessé Kennedy au cou. Un léger décalage sur le film de Zapruder laisse à penser que le gouverneur Connally, blessé dans l’attentat à la poitrine, au poignet et à la cuisse, a été atteint une fraction de seconde plus tard que Kennedy, par une autre balle, ce qui porterait à quatre le nombre de tirs et prouverait le complot. Dans la thèse officielle, c’est la même balle qui a touché Kennedy et le gouverneur Connally. On l’a aussitôt qualifiée de « balle magique », tant sa trajectoire est étrange (elle doit dévier plusieurs fois pour infliger les blessures constatées sur les deux hommes).

Pourtant, de multiples essais à balle réelle sur des matières comparables à celles du corps humain ont démontré qu’un projectile peut être ralenti puis détourné en traversant des tissus de chair et en percutant des os humains. Les moqueries sur la « balle magique » ont fait long feu : rien ne prouve que la même balle n’ait pas pu blesser en plusieurs points deux hommes situés sur la même ligne de tir.  

Dernier élément, souvent négligé par les commentateurs. Si Oswald a été manipulé par des hommes de l’ombre pour tuer Kennedy ou pour servir de « pigeon », il a été placé au dépôt de livres de Dallas à dessein. On lui a demandé, ou suggéré, de se faire embaucher dans cet immeuble au pied duquel Kennedy devait passer.

Mais Oswald est devenu un employé du dépôt de livres le 16 octobre 1963 (fait avéré), c’est-à-dire à un moment où Kennedy lui-même ignorait qu’il irait à Dallas et où l’itinéraire du président dans la ville, par définition, était inconnu, non seulement du public, mais de ses propres services (le chemin suivi par le cortège a été fixé le 18 novembre et publié dans le « Dallas Times Herald » le 21, autre fait avéré). Ainsi, ce n’est pas une machination qui a placé Oswald sur la route de Kennedy. C’est le hasard.

La conclusion de ces expertises est claire : la thèse du tireur unique est solide ; la piste des tireurs multiples ne repose que sur des suppositions. Cela ne veut pas dire qu’il est impossible d’imaginer autre chose, que la thèse du complot soit impensable, que toutes les incertitudes aient été levées. Mais pour affirmer qu’Oswald n’était pas seul, il faut des preuves. A ce jour, il n’y en a pas. Demain : Mystère dans le mystère

Lire tous les articles de la série sur leJournal.info :

1 : Kennedy : quel complot ? « L’exécution »
2 : Kennedy : quel complot ? « L’homme qui a tiré »
3 : Kennedy : quel complot ? « Le monticule herbeux »
4 : Kennedy : quel complot ? « La balle magique »
5 : Kennedy : quel complot ? : « Mystère dans le mystère »

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Laurent Joffrin