La solution à un État

par Laurent Joffrin |  publié le 12/10/2023

Le projet de voir se constituer deux États, l’un israélien et l’autre palestinien, semble plus lointain que jamais. Mais quelle serait l’autre solution au conflit ?

Laurent Joffrin

Depuis plusieurs années, nombre d’analystes soulignent à l’envi l’échec historique de la « solution à deux États » prônée par les partisans d’un compromis entre Israéliens et Palestiniens. L’attaque barbare menée par les terroristes du Hamas, ce massacre très consciemment dirigé contre des civils, femmes, hommes et enfants, avec décapitations, mutilations et prise d’otages, renforce évidemment leur diagnostic : comment discuter d’un quelconque compromis avec une organisation, le Hamas, qui use de tels moyens et proclame à tous vents sa volonté de détruire Israël ? L’heure est à la riposte contre cet ennemi et, comme nous l’avons écrit, la question qui se pose à court terme est celle du sort réservé aux civils de Gaza, dans tous ses aspects, politiques, moraux et stratégiques.

Mais est-il interdit, dès lors que cette « solution à deux États » est récusée, de s’interroger sur ce que serait, à terme, une autre issue au conflit ? Une arithmétique élémentaire nous indique en effet que, s’il ne peut y avoir deux États dans l’antique Palestine, il n’y en aura qu’un seul. Ce qui conduit à une première remarque : le partisan le plus notable de cette « solution à un État », c’est aujourd’hui le Hamas.

L’organisation islamiste nourrit le projet lointain d’établir entre le Jourdain et la mer une dictature islamique

L’organisation islamiste désigne le territoire israélien comme une « terre occupée », appelle au meurtre systématique des Juifs qui l’habitent, et nourrit le projet lointain d’établir entre le Jourdain et la mer une dictature islamique, à l’image de celle qui prévaut aujourd’hui à Gaza. Solution folle et inhumaine, fort heureusement hypothétique tant que la démocratie israélienne garde sa suprématie militaire.

Ce qui nous amène à l’autre branche de l’alternative : l’État unique qu’on promeut implicitement en abandonnant la « solution à deux États » serait un État israélien. Est-ce raisonnable ? Sa constitution suppose en effet l’annexion de ce qu’on appelle en Israël, selon la dénomination biblique, « la Judée et la Samarie », c’est-à-dire l’actuelle Cisjordanie, placée aujourd’hui sous la responsabilité de principe de l’Autorité palestinienne, à laquelle s’ajouterait la bande de Gaza.

Les Juifs se retrouveraient à égalité numérique avec les Arabes et peut-être, un jour prochain, minoritaires

Cette annexion aurait une conséquence immédiate : dans cette nouvelle entité nationale, les Juifs se retrouveraient à égalité numérique avec les Arabes, et peut-être, un jour prochain, minoritaires.

Sont-ils prêts à l’accepter ? A moins, bien sûr, d’établir une inégalité de droits entre ces deux populations, dont l’une dirigerait les affaires et l’autre obéirait, selon le vœu des fractions les plus extrêmes du spectre politique israélien. Sans compter les difficultés prévisibles de cohabitation entre deux groupes aujourd’hui hostiles. Croit-on que ce soit une perspective réaliste ? Autrement dit, on se demande, au terme de ce bref examen, si la « solution à un État » est plus crédible que l’autre…

On dira que ce sont là vaticinations abstraites et que l’heure est à l’affrontement. Certes. Mais pour aller où ?

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Laurent Joffrin