Marine Le Pen en breakdancer?

publié le 09/12/2023

Chaque dimanche, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond? L’essentiel

Laurent Joffrin- Photo JOEL SAGET / AFP

Lundi —La face cachée de l’écologie —

« Booty Therapy », (« thérapie par les fesses ») pour les Verts, qui lancent leur campagne par un premier meeting festif. Avalanche de quolibets, bien sûr, mais nombreuses reprises sur le Net depuis deux jours. C’était le but de l’opération. Les écolos ont le chic pour faire du buzz sur tous les sujets – le rappeur Médine ou la « Booty Therapy » – sauf l’écologie…

Cette danse d’origine africaine, qui me semble plutôt lascive, tombe en principe sous le double reproche d’érotisation du corps de la femme et d’appropriation culturelle. Mais comme il s’agit des écologistes, point de remontrance décoloniale ou néo-féministe.

Au fond, l’idée de faire danser les responsables politiques n’est pas si mauvaise. Je vois bien la direction de LFI se lancer dans une interprétation du Lac des Cygnes, avec Mélenchon dans le rôle de Siegfried, tout en entrechats et jetés-battus, qui nous changeraient des éructations habituelles. Le parti macronien choisirait le tango, un pas en avant, deux pas en arrière. Le Rassemblement national pourrait s’initier au hip-hop, ce qui lui ouvrirait l’esprit. Marine Le Pen en breakdancer, exécutant une série de 6— Step et de Toprock, voilà qui ferait parler… 

Mardi —Les woke et les Juifs

Mon papier titré « Pourquoi les woke n’aiment pas les Juifs » suscite débats et réactions. Notre ami Benoît Thieulin m’objecte que le mot « woke » est de droite. C’est un fait que le Figaro ou CNews en abusent sans cesse. En fait, dans leur vocabulaire, le mot « woke » a remplacé le mot « gauche ». Toute idée, toute proposition visant à réduire les discriminations ou à défendre les libertés publiques est qualifiée de « woke ». Commode… Mais alors que faut-il dire ? Comment désigner les militants de cette mouvance décoloniale, intersectionnelle et néo-identitaire, qui pensent tous à peu près la même chose ? D’autant que le mot « woke » a été créé par eux… Yasha Mounk, politiste américain progressiste propose la locution « partisans de la synthèse identitaire ». Son maniement, on en conviendra, n’est pas très aisé.

Sur le fond, la thèse du papier – l’idéologie décoloniale conduit à une hostilité envers les Juifs – est confirmée deux jours plus tard, quand trois dirigeantes des grandes universités américaines déclarent devant une commission du Congrès que l’appel à un « génocide des Juifs » n’est pas forcément contraire au règlement intérieur. « Cela dépend du contexte », affirment-elles. Scandale planétaire. Le Congrès lance en réponse une enquête sur l’antisémitisme dans les facs américaines, où s’activent les « partisans de la synthèse identitaire ». J’en déduis qu’il y a là un vrai problème. 

Mercredi —Le martyre de Gaza

Le sort des Gazaouis serre le cœur. Bombardés sans relâche, ils sont chassés vers le sud de l’enclave où ils cherchent refuge en vain, puisque l’armée israélienne attaque aussi cette zone. On ergote sur le nombre de morts et de blessés : il est, de toute manière, énorme, hommes, femmes et enfants. Les partisans d’Israël répondent qu’un cessez-le-feu immédiat offrirait la victoire au Hamas. Mais une victoire israélienne payée d’un si lourd tribut pour les civils palestiniens restera comme une tache indélébile dans l’histoire de cette démocratie.

Jeudi — Emmanuel Lagaffe ou Gaston Macron ?

Gaffeur en chef, le président pourrait relayer le personnage de Franquin dans la BD qui met en scène la suite des aventures de Gaston Lagaffe. Ne pas venir à la manifestation parisienne contre l’antisémitisme était une première boulette. Encourager un estimable rabbin à allumer une bougie d’Hanouka dans une salle de l’Élysée en est une autre, que le CRIF lui-même a critiquée. La laïcité protège les cultes, a répondu Emmanuel Macron. Certes. Mais elle postule que l’État est neutre face aux religions. Cette bougie a donc allumé une légitime polémique. Les gaffes ne s’annulent pas, elles se cumulent.  

Vendredi —La vérité alternative du RN

Invité sur BFM, je dois affronter une altercation sonore avec Bruno Gollnisch, éminence bien connue du Rassemblement national, à propos du renvoi des frontistes en correctionnelle pour usage « frauduleux » des fonds européens. Gollnisch prétend que la participation d’assistants parlementaires européens au fonctionnement du RN est parfaitement licite. Je lui oppose les règles en vigueur à Bruxelles. Il en conteste l’existence.

Pas de chance : Tristan Berteloot, ami journaliste de Libération qui suit l’affaire, m’indique qu’à la page 50 du statut des députés européens, on lit ceci : « Seuls peuvent être pris en charge les frais correspondant à l’assistance nécessaire et directement liée à l’exercice du mandat parlementaire des députés ». Précision du Parlement européen auprès des juges : « le Parlement est très strict sur l’interdiction pour l’assistant de réaliser du travail pour un parti politique ».  Alors ?

Lire aussi sur LeJournal.info : Pascal Canfin : « Le RN, un parti soumis aux puissances de l’argent »

Samedi — Mauvais climat à Dubaï

À la COP 28, les représentants de l’OPEP veulent empêcher qu’on mentionne la sortie des énergies fossiles dans la résolution finale, au grand dam des Européens. Il faut dire que la conférence de Dubaï est présidée par le sultan al-Jaber, président de la compagnie pétrolière de l’émirat. Réunies pour lutter contre le dérèglement climatique, les nations hésitent à s’attaquer à sa principale cause…