« Normcore »

par Sandrine Treiner |  publié le 26/11/2023

Novlangue. De Newspeak, George Orwell, « 1984 ». Langage convenu et rigide destiné à dénaturer la réalité

Normcore ? Voilà un mot qu’il faut s’attendre à entendre de plus en plus souvent. Il procède d’une contraction des mots anglais normal et hardcore. Pour mémoire, est hardcore ce qui est très explicite de façon volontaire, violent ou sans inhibition.

À l’origine, Normcore relève d’une volte-face du monde de la mode. Lassées de l’excentricité, des marques lancent l’esthétique Normcore, un style vestimentaire caractérisé par le souci de rendre l’individu indistinct du plus grand nombre.

Formes simples, couleurs de base – blanc, gris, noir, la nouvelle mode est lancée en 2009. En 2013, elle devient un concept : le désir de la jeunesse d’adopter un mode de vie lui permettant de se fondre dans la masse. La libération grâce à l’indistinction, en somme. En 2014, le terme est sacré par l’université d’Oxford « néologisme de l’année ». Il est alors repris par les magazines des deux côtés de l’Atlantique. Désormais, il désigne une forme de normalité, de neutralité, d’uniformité.

Quand on cherche, par exemple, à comprendre pourquoi les juifs ne sont pas considérés comme faisant partie des communautés de la diversité, on vous répond : « parce qu’ils sont devenus normcore ». Bonne ou mauvaise chose ? Intégration ou négation de la différence ? Normcore, pour vivre heureux, vivons caché, ou invisible dans la masse ?

Sandrine Treiner

Editorialiste culture