Pierre Brochand, l’escroc intellectuel du Fig-Mag (4) « La France est menacée de mort »
L’entretien a fait grand bruit dans les cercles conservateurs. Ancien diplomate, ancien patron de la DGSE, Pierre Brochand donne à chaud un diagnostic péremptoire sur les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel M. LeJournal.info y répond point point. Aujourd’hui, quatrième volet
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P.B « Lorsque la fièvre retombera – car elle retombe toujours, après une montée aux extrêmes -, la roue crantée de l’Histoire aura fait un tour supplémentaire, et l’effet de cliquet nous aura portés à un niveau d’hostilité sociale encore plus intense que celui à l’origine de la déflagration. Il y a peu encore, des esprits malicieux voyaient dans le jeu du chat et de la souris, pratiqué dans les banlieues, une simple réédition en farce des tragédies coloniales : je crains que la condescendance de cette raillerie de Marx ne soit plus de saison. En tirera-t-on les leçons qui s’imposent, à savoir que le pronostic vital du pays est engagé ? Envisagera-t-on d’autres remèdes qu’un énième « plan banlieue » ? Les choses étant ce qu’elles sont, j’en doute fort. Mais je pense que nous reviendrons sur ce point capital. »
« Le pronostic vital du pays est engagé » : métaphore catastrophiste. Non, la France n’est pas au bord de la mort clinique. Elle traverse de graves difficultés, chacun le voit, qui suppose une politique vigoureuse en manière de sécurité et de lutte contre les injustices. Mais elle ne va pas mourir. Si tel était le cas, d’ailleurs, d’autres pays où sont présentes des « diasporas » devraient également passer l’arme à gauche : les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, etc.
Langage apocalyptique qui joue sur l’inquiétude de l’opinion (très réelle, par ailleurs) et cherche à la porter au paroxysme pour justifier des mesures d’exception. Toute la campagne de Zemmour, avec qui Brochand échange régulièrement, repose sur cette succession de sophismes et d’outrances.
Question du Fig-Mag : – « Certains parlent de « guerre civile ». Est-ce un terme approprié pour décrire les événements ? »
PB – « J’apprécie votre question, car définir les choses, ce n’est pas ratiociner, mais tenter de mieux les comprendre. Il y a incontestablement des prémices de « guerre civile » dans ce que nous vivons. Mais j’écarterai l’expression, à deux titres. La guerre désigne une lutte « armée » et « sanglante » entre « groupes organisés » : nous n’en sommes là sous aucun de ces trois rapports, même s’il serait indécent d’oublier que la police compte de nombreux blessés.
Brochand se sépare sur ce point de son ami Zemmour pour qui la « guerre civile » en question est imminente.
Quant à l’adjectif « civil », il se réfère aux citoyens d’un même État : s’il me semble inapproprié, c’est, d’une part, parce que les étrangers sont sans doute nombreux à s’activer, d’autre part, parce qu’au risque de choquer, je tiens les binationaux et ressortissants qui s’attaquent aux représentations de la France comme s’excluant de la communauté nationale. Sans compter que la grande majorité de la population, silencieuse et attentiste, reste absente, en position de simple spectateur. Le seul lien commun à tous étant celui du désir de consommation, vu à travers le pouvoir d’achat pour les uns, la « prise sur le tas » pour les autres. »
Se sont donc également exclus de la communauté nationale les agriculteurs qui attaquaient des préfectures, les gilets jaunes qui ont vandalisé l’Arc de Triomphe, ou encore, par le passé, les ligues qui ont tenté d’attaquer le Palais-Bourbon le 6 février 1934.
Bien sûr, Brochand n’aurait pas cette idée d’exclusion pour les catégories qu’on vient de citer, mais il l’a pour les jeunes de cités issus de l’immigration, qu’ils soient ou non français. Seule différence : la couleur de la peau.
P.B : « Plusieurs autres dénominations ont fleuri ces derniers jours. Faute de davantage de renseignements, je ne peux retenir la « sédition », laquelle suppose une action concertée et préparée, bien que – je ne le nie pas – on puisse aisément déceler plusieurs strates d’intervenants, depuis de très jeunes adolescents hilares, à la limite de la débilité, jusqu’à des « hommes en noir », beaucoup plus professionnels, qui semblent savoir ce qu’ils font.
Quant à l’« insurrection », qui vise à renverser un pouvoir établi, elle me paraît également inadéquate, puisque le tumulte se borne à «détruire et voler» (ce pourrait être sa devise), sans proposer la moindre solution de remplacement: nous restons dans une contestation radicale, mais qui ne voit pas au-delà du bout de son nez.
Les notions de guérilla ou d’émeute seraient pertinentes, mais désignent de simples modes d’action, à l’instar du terrorisme.
Pour ma part, je qualifierai la présente catastrophe de « soulèvement ou révolte contre l’État national français, d’une partie significative de la jeunesse d’origine extra-européenne présente sur son territoire ». Avec, pour enjeu principal, le monopole de la violence légitime sur ce même espace. Formulation certes alambiquée, mais qui me paraît décrire, au plus près, le stade de décomposition auquel nous sommes parvenus. En attendant mieux. »
Les mots « soulèvement » ou « révolte » sont effectivement plus acceptables. Paradoxalement, ils sont aussi employés par la France insoumise. Mais dans les deux cas, c’est prêter aux émeutes une signification politique qu’elles n’ont peut-être pas, qu’il s’agisse de les dénoncer ou de les magnifier. Il peut aussi s’agir d’une vengeance aberrante consécutive à la mort du jeune Nahel, qui reste l’élément déclencheur, ou d’une manifestation de rage contre un sort vécu comme une injuste relégation. Hypothèse que Brochand ne cite même pas : elle nuirait à ses vérités assénées.
Question du Fig-Mag – « Il y a deux préconditions à l’action : la transparence statistique et le rejet du discours intimidant », disiez-vous au Sénat. Que signifie « rejeter le discours intimidant » ?
PB – « Je rappelle à vos lecteurs que le « discours intimidant », auquel vous faites allusion, ne s’adresse nullement aux émeutiers, que rien n’impressionne, mais à ceux qui, à l’approche de la tempête, ont voulu sonner le tocsin et que l’on a cherché à faire taire par ce moyen.
Cela dit, je vais devoir prendre un détour pour vous répondre.
Si nous en sommes arrivés là, c’est aussi, et peut-être surtout, en raison de l’idéologie dominante, qui a justifié et même glorifié, l’immigration de peuplement massive, subie depuis un demi-siècle. »
Idéologie dominante ? Drôle d’expression : depuis au moins vingt ans, on entend beaucoup plus ceux qui critiquent l’immigration que ceux qui la louent ou la justifient. Tactique permanente de l’extrême-droite, qui se présente systématiquement en victime du « politiquement correct », alors même que ses idées couvrent au moins 42% du spectre politique (score de Marine Le Pen à la dernière présidentielle) et occupe une bonne part des médias.