Pierre Brochand, l’escroc intellectuel du Fig-Mag (5): Il faut une politique « brutale, voire féroce »
L’entretien a fait grand bruit dans les cercles conservateurs. Ancien diplomate, ancien patron de la DGSE, Pierre Brochand donne à chaud un diagnostic péremptoire sur les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel M. LeJournal.info y répond point point.
Aujourd’hui, cinquième et dernier volet
Lire depuis l’article depuis le début, chapitre 1 / « Tout immigré est suspect »
Question du Fig-Mag : FM – Peut-on selon vous récupérer ces territoires perdus de la République ? N’est-il pas trop tard ?
PB – « Il est vraiment très tard pour revenir sur des décennies d’abdications cumulées.
C’est pourquoi on ne dénoncera jamais assez ceux qui ont laissé s’installer la machine infernale, en ont vu venir les conséquences potentielles, mais n’ont rien fait pour les éviter, se bornant à mettre la tête dans le sable, ou à ne la sortir que pour des mesures sans effet, voire contre-productives. Des dizaines de lois « fermes et humaines », des centaines de milliards engloutis pour en arriver à un pays moribond, dont l’existence est désormais en jeu.
Incompétence ? Hypocrisie ? Arrogance ? Naïveté ? Entre-soi ? Je mettrai au premier plan le manque de courage, face à la peur panique d’être qualifié de « raciste », signe d’une carrière aussitôt terminée. J’en veux pour preuve le double discours de ces mêmes politiques, qui, en visite à l’étranger, loin de leurs bases, se laissent aller, devant des diplomates, comme je le fus, à des confidences peu amènes sur les réalités de leurs fiefs électoraux, avant de rentrer en France pour y entonner derechef l’hymne aux « valeurs républicaines ».
Néanmoins, mon caractère, aussi bien que mes antécédents professionnels, m’impose de ne pas baisser les bras. Étant entendu que, désormais, toute réaction ne peut être que brutale, voire féroce, si l’on veut lui donner une chance de remonter le courant. »
On arrive aux solutions. Il faut lire et relire ces lignes : « toute réaction ne peut être que brutale, voire féroce, si on veut lui donner une chance de remonter le courant ». À partir d’un raisonnement anti-immigrés dogmatique et paranoïaque, après le dénigrement des valeurs républicaines, après la dénonciation de l’état de droit, Brochand annonce une politique « féroce ».
La déclaration a le mérite d’être claire. Le moins qu’on puisse dire, c’est que sa vision de l’avenir du pays, si ses amis l’emportent, a peu de rapports avec la démocratie et le respect du droit et des libertés…
P.B : En premier lieu, il convient de rétablir une hiérarchie rationnelle des priorités : l’accès aux toilettes en fonction du genre ou les dangers du pétainisme renaissant sont certes des préoccupations honorables, mais ce que nous vivons recommande de les remplacer par d’autres, plus impérieuses. De même a-t-on le droit de suggérer que le « réchauffement climatique », présenté comme le péril des périls, à prévenir de toute urgence et par tous les moyens, vient de se faire rattraper par celui, autrement plus rapide, de nos banlieues ? Le principe de précaution serait-il à géométrie variable ? »
L’ordre dans les cités passe avant la lutte contre le réchauffement climatique ? Mais pourquoi opposer l’un à l’autre ? Un gouvernement peut s’occuper à la fois de tranquillité publique et d’écologie. À moins qu’on ne considère l’urgence climatique comme une lubie des « bobos hédonistes ».
P.B « En deuxième lieu, un élève moyen de CE1 nous le conseillerait : pour sortir d’un trou, il convient, d’abord, d’arrêter de le creuser. Combien de fois faudra-t-il répéter que toute possibilité de renverser la vapeur passe, d’abord, par la réduction à leur plus simple expression des flux d’accès au territoire et à la nationalité ? C’est faisable, les voies en sont connues, il suffit d’avoir le cran de s’en donner les moyens juridiques et matériels. »
Immigration zéro, donc. Ce qui suppose de fermer les frontières, de refuser tout réfugié, même notoirement persécuté, d’expulser les étudiants étrangers, de refuser le droit de vivre en famille aux immigrés, de fermer nos ports aux bateaux en détresse, etc.
À quand un mur de grillages et de barbelés à la frontière italienne, belge ou allemande ?
P.B « Enfin, pour s’en tenir à l’essentiel et au plus pressé, il convient de combattre, sans merci ni relâche, le sentiment d’impunité, dont l’omniprésence semble avoir nourri la désinhibition tous azimuts de ces jours derniers. En d’autres termes, s’impose un changement de pied radical en matière pénale, par abaissement de l’âge de la majorité pertinente et en rétablissant, pour tous, des peines de prison fermes et effectives, suivies d’incarcérations immédiates, fussent-elles de courte durée, en cas d’atteinte aux biens publics et aux forces de l’ordre, de vol en bande organisée, de trafic de drogues, de violences sur les personnes, etc.
Et surtout, punir la récidive par des peines exponentielles. »
L’appel à la fin de l’impunité est banal (à supposer qu’il y ait impunité). La sanction de la récidive par des peines « exponentielles » est directement inspirée des États-Unis, où l’on peut se voir infliger la prison à vie pour un délit mineur si c’est le troisième.
Comme chacun sait, la dureté du système judiciaire américain a mené à une société parfaitement apaisée…
P.B « On peut aussi imaginer de transformer en prisons pour courtes peines des bâtiments pouvant s’y prêter. N’étant pas juriste, je m’en tiendrai là, mais je suis convaincu que les Français auront du mal à ratifier un laïus à la Hugo, du type « une école qui ouvre, c’est une prison qu’on ferme », surtout quand font brûler les écoles ceux-là mêmes qui devraient être en prison… »
La formule est frappée. Mais le sarcasme sur Victor Hugo est significatif. Manifestement, voilà un auteur que Brochand n’aime pas. Trop bobo, sans doute, ou trop républicain.
P.B : « À plus long terme, ce sont évidemment l’Éducation nationale et l’État providence, qui devraient faire l’objet d’une remise en question, du sol au plafond. Mais pourquoi ne pas frapper les esprits tout de suite par des décisions spectaculaires, en décrétant, par exemple, le port obligatoire de l’uniforme en primaire et au collège dès janvier ou la revalorisation substantielle des allocations familiales, en les limitant à l’avenir à trois enfants. »
La limitation des allocations familiales à trois enfants est intéressante. Dans l’esprit de Brochand, les familles nombreuses sont celles des immigrés. Il veut des enfants donc, mais blancs. Rien à voir, bien sûr, avec le racisme qui, de toutes manières, n’existe pas…
P.B : « Mais, par pitié, que l’on ne ressorte surtout pas du magasin des accessoires une relance de la politique de la ville : personne – en tout cas, pas moi – ne croit plus à l’efficacité du « borlooisme », ce matérialisme intégral qui croit pouvoir éteindre par l’argent et l’urbanisme des incendies dont le combustible est religieux, historique et ethnique. Cette réponse pourrait même s’avérer la pire, puisqu’elle reviendrait, comme déjà dans le passé, à récompenser la révolte.
Nos gouvernants ont une opportunité unique de s’extraire du carcan dans lequel ils se sont eux-mêmes engoncés, et de bénéficier, en prime, de l’approbation d’au moins trois quarts des Français. Ce qui n’arrive pas tous les jours. Saisiront-ils l’occasion ? Auront-ils la détermination de sortir de la pensée mécanique et de l’approche centriste et balancée, qu’ils affectionnent, mais qui ne fait que prolonger un immobilisme désastreux ? Retrouveront-ils, par un coup de baguette magique, la capacité politique de dire non ? Le souhaiter, c’est faire le pari risqué de leur conversion au réel. »
Fin de l’entretien de P. Brochand au Fig-Mag
Pour conclure
La « conversion au réel » dont parle Brochand, c’est l’instauration d’un pouvoir débarrassé de l’importun état de droit protecteur des libertés, exempt des scrupules « humanistes », d’un pouvoir qui coupe la France de l’Europe et restaure des frontières étanches, qui organise non seulement l’immigration zéro, mais aussi la suspicion générale envers toute personne d’origine étrangère.
Un régime autoritaire et hostile aux Français musulmans, donc, qui s’affranchit des traditions républicaines. Voilà le théoricien génial encensé par les médias de droite…
Reste que ces émeutes sont bien le résultat d’un échec des politiques menées jusqu’à maintenant. Il ne suffira pas de réfuter les réquisitoires à la Brochand.
Il faut leur opposer un plan nouveau, fondé sur les valeurs républicaines, qui prenne en compte les aspects sociaux, éducatifs, civiques de la question, mais aussi sécuritaires et identitaires, qu’on ne saurait passer sous silence.
Faute de quoi on laisse le champ libre au projet nationaliste et autoritaire développé par le conseiller de Zemmour.
lejournal.info