RN : la vieille ficelle de la «submersion migratoire»

par Valérie Lecasble |  publié le 03/03/2024

Si Marine Le Pen adopte une posture présidentielle, Jordan Bardella surfe sur l’identité de la France. Contre le Pacte vert et pour un Pacte migratoire

Marine Le Pen et le président du RN et chef de file de la liste électorale, Jordan Bardella, chantent l'hymne national à la fin d'une réunion à Marseille, visant à lancer la campagne du RN pour les prochaines élections européennes, prévues du 6 au 9 juin 2024 - Photo par CHRISTOPHE SIMON / AFP

Ils font la course en tête et ouvrent le bal. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont lancé dimanche 3 mars la campagne des élections européennes lors d’un meeting à Marseille qui a rassemblé environ 5000 sympathisants du Rassemblement National. Une démonstration de force dont l’objectif est de mobiliser les troupes en vue de recueillir 30 % des votes le 9 juin prochain.

Marine Le Pen, 55 ans, monte sur scène la première, jupe noire courte et talons aiguilles, dans une posture qui se veut présidentielle d’attaque en règle d’un Emmanuel Macron, « en état de siège » qui aurait « déconstruit » la France « dans une atmosphère de fin de règne ». Lors d’un discours qu’aurait pu tenir son père il y a vingt ans, elle dresse le tableau d’une France qui s’effondre et aliène les citoyens. « Les responsables du chômage ne sont pas les chômeurs, mais les hommes politiques » assène-t-elle avant de plaider pour le « redressement de la France » et le « retour des peuples et des nations ».

Quelques minutes avant de terminer, elle appelle sur scène pour lui succéder son « cher Jordan », le candidat qu’elle a choisi pour la deuxième fois pour mener la bataille des élections européennes. Elle ne citera son nom qu’une fois et prend soin de préciser qu’elle sera la dernière candidate sur sa liste…

Les applaudissements se déchaînent lorsque Jordan Bardella, 29 ans, costume et cravate noire, monte sur scène. D’emblée, il assène sa stratégie, un projet de puissance et d’influence. Balayant d’un revers de main les accusations de « Frexit », il insiste au contraire sur la possibilité d’une alliance avec les partis d’Italie, de Suède, de Hongrie, des Pays-Bas, d’Autriche et de Flandre, proches des idées du Rassemblement National. « On ne quitte pas la table de jeu quand on est sur le point de gagner la partie » lance-t-il, confirmant la stratégie désormais affirmée de ne pas vouloir quitter l’Europe, mais au contraire de la noyauter de l’intérieur au fur et à mesure de l’expansion de ses idées populistes. « La France revient, l’Europe revit », le slogan porte ce dessein du RN.

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Les deux piliers de son projet sont clairs : combattre le Pacte vert qui a mis les agriculteurs en colère, en renonçant à tout projet écologique et construire un Pacte migratoire où « le RN refusera le pacte de submersion » qu’il accuse Bruxelles de vouloir provoquer avec la complicité active des passeurs, de l’extrême gauche et des associations pro-migrants. « On est chez nous », scande la foule. N’hésitant pas à invoquer Victor-Hugo et de Gaulle, Jordan Bardella surfe sur son thème favori, celui de l’identité de la France : « le véritable exil est de vivre dans son pays et de ne plus le reconnaître ».

Voilà donc toute ambiguïté levée. Pour Jordan Bardella, « le temps de la naïveté est terminé », les élections européennes ne seront rien d’autre qu’un « référendum contre la submersion migratoire ».

Valérie Lecasble

Editorialiste politique