Cinq chiens clonés et une tronçonneuse…
Chaque dimanche, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond? L’essentiel
Lundi
C’était inévitable après les sorties de Mélenchon : floraison de papiers sur « l’antisémitisme de gauche » dans l’Histoire. En cette matière, c’est désormais la gauche qui doit répondre. Ceux qui, comme moi, l’ont dénoncé toute leur vie en sont réduit à s’en défendre… On en vient à oublier l’antisémitisme de droite ou d’extrême-droite, dont les crimes sont pourtant incommensurables. Merci Mélenchon, merci à l’extrême-gauche qui soutient de manière irresponsable ceux qui veulent détruire Israël, merci à ces propalestiniens crétins qui arrachent les photos des otages israéliens placardées sur les murs…
Mardi
Victoire populiste en Argentine : on s’étonne, on se désole, on s’alarme. Pour avoir fait jadis quelques études d’économie, il me vient une remarque naïve. Les Français s’inquiètent d’une inflation qui fait monter les prix de 5 % d’une année sur l’autre : notre pouvoir d’achat est raboté ! disent-ils à juste titre. L’inflation argentine a bondi à 140 % sous le gouvernement péroniste. Chiffre un peu abstrait. Plus concret : le pouvoir d’achat des Argentins est divisé par deux en un an. Quelle société peut supporter cela ? Comment s’étonner qu’elle vote pour un économiste farfelu qui promet le changement, aurait-il cinq chiens clonés et une tronçonneuse en guise de drapeau électoral…
Mercredi
Congrès des maires de France. Les commentateurs qui passent leur temps à dénigrer la classe politique, flanqués du comique de service qui rivalise en libelles méprisants pour les élus, s’inquiètent du découragement des maires, soumis à polémique permanente, et agressés par les plus vindicatifs de leurs administrés. Les pyromanes s’apitoient sur l’incendie.
Jeudi
Chacun son fait divers. LFI proteste – avec raison – contre une agression antimusulmane, mais ne dit pas un mot du meurtre effrayant d’un jeune homme à Crépol dans la Drôme. L’extrême-droite fait campagne sur cette dernière agression, mais reste muette sur l’acte antimusulman. Voilà où en est le débat politique : chacun choisit ses victimes et ses coupables. Deux remarques : dans les deux cas, la police a interpellé les auteurs présumés, ce qui est plutôt rassurant ; on ne voit pas très bien ce qui empêche les politiques de stigmatiser les deux agressions, sinon la passion partisane.
Vendredi
Élie Barnavi, vieil ami du Nouvel Observateur quand je le dirigeais, ardent militant de la paix en Palestine, nous reçoit par l’aimable truchement d’Anne Sinclair pour un petit déjeuner éclairant. Il a repris son bâton de pèlerin et propose, avec la compétence précise de l’ambassadeur qu’il fut naguère, un plan de paix crédible, même si toutes sortes d’obstacles se dressent sur son étroit chemin. Les autorités françaises l’ont écouté ; il leur reste à l’entendre…
Samedi
La tragédie de Gaza occupe à juste titre les esprits. Les liens historiques de la France avec la région, la présence des deux communautés juive et musulmane sur notre sol l’expliquent facilement. Mais un recul politique et stratégique doit nous conduire à un regard lucide : l’armée israélienne, comme le montre l’opération en cours, n’a guère besoin d’aide pour l’emporter. Il en va tout autrement de l’armée ukrainienne, qui sera immanquablement vaincue sans l’aide massive de l’Union européenne et des États-Unis. Telle est la priorité matérielle de l’heure.
La victoire de Poutine toucherait nos intérêts directs. L’armée russe déployée en Ukraine menacerait directement nos alliés européens, elle encouragerait tous les dictateurs de la terre à mener des actions agressives contre les démocraties, elle consacrerait l’écrasement d’un peuple qui défend nos valeurs, notre système de liberté et notre sécurité stratégique. Ne jamais l’oublier…