God save les migrants !
Il aura donc fallu la Cour Suprême britannique pour déclarer illégal l’accord, infâme, signé entre le Royaume-Uni et le Rwanda, prévoyant de « traiter », moyennant finances, l’immigration clandestine
En avril 2022, un moment, on avait cru à une infox. Mais non : Londres et Kigali avaient bien signé cet accord infâme. Que prévoyait-il ? Les personnes arrivées illégalement au Royaume-Uni pourraient être transférées et accueillies au Rwanda, où elles pourraient vivre et travailler par des voies légales.
Boris Johnson et son homologue Paul Kagamé s’étaient publiquement félicités de ce « partenariat » avec un pays « sûr » et capable d’offrir de bonnes conditions d’accueil. L’accord prévoyait un financement de 120 millions de livres sterling (137 millions d’euros) . Soit un « prix » par immigré(e) sur ce « nouveau marché » pouvant être estimé à un peu plus de 4 000 livres sterling (4 500 euros) !
On sait à quel point le sujet de l’immigration préoccupe le Premier ministre britannique et le parti conservateur, Rishi Sunak s’étant engagé à stopper ce flux incontrôlé de plusieurs dizaines de milliers de personnes par an. Mais voilà, la Cour suprême britannique a jugé l’accord illégal.
Droits de l’homme et loi du marché
Elle appuie son jugement non seulement sur les accords internationaux approuvés de longue date par le Royaume-Uni comme la Convention des Nations unies pour les réfugiés, la Convention européenne ou leur propre loi de 1998 sur les droits de l’Homme, mais aussi sur les doutes légitimes quant à la capacité d’accueil du Rwanda dans des conditions autres que des camps et ne conduisant pas trop systématiquement à un renvoi dans les pays d’origine. Voire l’absence d’indépendance de la justice dans le régime autocratique de Paul Kagamé.
T’en prends combien de mes clandestins ?
On notera toutefois que la Cour suprême ne condamne pas le principe de tels accords permettant la « sous-traitance » de l’immigration clandestine. Il est donc probable que les deux pays reviendront à la charge. Et d’autres, dont la Turquie par exemple, voire d’autres pays africains, sont déjà prêts à le faire. L’Italie de Georgia Meloni l’a déjà entrepris avec l’Albanie.
D’une certaine façon, la France s’est malheureusement engagée elle aussi sur une voie comparable avec l’accord portant sur 500 millions de livres sur trois ans pour stopper les traversées clandestines à travers la Manche. On n’est pas très loin d’une « sous-traitance » ?
On ne peut que souhaiter que la France, tout aussi déchirée par le sujet de l’immigration et déjà porteuse d’un projet de loi inutile et dangereux, renonce à pareille voie. Imaginons que ces accords fassent école… Pourquoi pas un président ou une présidente de la République proposant un tel partenariat à Poutine ? Et débarrasser la France de tous ses immigrés clandestins moyennant finances ou mieux, contre du gaz russe !
Heureusement, en France, nous avons un Conseil Constitutionnel qui, comme la Cour Suprême britannique, saurait rétablir des principes élémentaires d’humanité.
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