Mélenchon, Dupond-Moretti, Jérusalem, droit du sol…
Chaque dimanche, un regard engagé sur une semaine d’actualité. Que retenir dans le flot d’informations qui inonde les médias, entre écume des jours et vague de fond? L’essentiel
LUNDI
Tour de force de Mélenchon, qui me plonge dans une profonde colère : ce sont les militants de gauche, désormais, qui doivent se défendre de tout antisémitisme ! Après avoir passé leur vie à combattre le fléau ! À force d’outrances cyniquement calculées, il nous met sur la défensive et consacre le RN meilleur avocat des Français juifs, alors que Bardella « ne croit pas » que Jean-Marie Le Pen ait été antisémite, ce qui revient à nier la rotondité de la terre. C’est la stratégie LFI du « bruit et de la fureur ». Mais ce bruit couvre le passé louche de Marine Le Pen et cette fureur est désormais la nôtre.
MARDI
Au procès d’Éric Dupond-Moretti, les magistrats qu’il voulait punir défilent sobrement, mettant à mal sa péremptoire défense. Pour tout observateur candide, le conflit d’intérêts est patent : arrivant place Vendôme, le ministre devait ignorer soigneusement les querelles de l’avocat, ce qu’il n’a pas fait, désignant nommément les cibles de son courroux et diligentant une enquête qui allait, in fine, les blanchir de toute irrégularité. Sa seule chance : la Cour de Justice de la République, devant laquelle il comparaît, est une instance autant politique que judiciaire…
MERCREDI
Avant-première très parisienne du troisième film de BHL sur la guerre en Ukraine, en présence d’Olena Zelenska, épouse du président. Sous l’œil de la caméra, le philosophe arpente la ligne de front, manquant à plusieurs reprises de voir sa chemise blanche – et lui par la même occasion – déchiquetée par un obus. Les esprits forts se moquent volontiers de ces pérégrinations très médiatiques. Il n’empêche : on voit la guerre sans fard et on comprend la détresse des Ukrainiens privés de munitions par la parcimonie de leurs alliés. Pourquoi diable BHL hante-t-il les champs de bataille au risque d’écourter radicalement sa longue carrière, alors que rien ne l’y oblige ? Par conviction, peut-être, allez savoir… Les mêmes esprits forts préféreraient sans doute qu’il reste à Saint-Paul-de-Vence siroter un jus de fruit au bord de la piscine.
JEUDI
Obsédée par la RN, la droite veut écorner le droit du sol, refuser toute régularisation aux sans-papiers qui travaillent et transformer l’Aide médicale d’État en peau de chagrin. Faute de quoi elle rejettera le texte. Plus habile, Marine Le Pen annonce qu’elle le votera. Le parti LR veut imiter le RN. Il ne parvient qu’à le banaliser.
VENDREDI
Bon papier de Louis Imbert, correspondant du Monde à Jérusalem, sur les dissensions internes au gouvernement Netanyahou. Le Premier ministre a constitué un cabinet de guerre de cinq personnes, dont trois généraux. L’un d’eux, écrit Imbert, Gadi Eisenkot, ancien chef d’État-major, « est l’un des pères de la doctrine militaire dite “de Dahiya”, du nom d’un quartier de Beyrouth rasé sous les bombes israéliennes durant la guerre de 2006 contre le Hezbollah. Cette doctrine postule une riposte disproportionnée et dissuasive à toute attaque. »
Officiellement, les bombardements de Gaza visent les terroristes du Hamas, et les Gazaouis sont tués parce qu’ils servent de boucliers humains. Mais à considérer l’ampleur des pertes civiles, hommes, femmes et enfants, on se demande si ce ne sont pas plutôt les idées de Gadi Eisenkot qui prévalent. Pour montrer que l’État hébreu fait toujours payer au décuple les agressions qui le frappent ? Si tel est le cas, la vengeance infligée aux populations civiles est radicalement contraire aux lois de la guerre…
SAMEDI
L’amie Annette Lévy-Willard, au sortir d’un plateau, me fait remarquer que les associations féministes les plus ardentes ont oublié de dénoncer les viols systématiques perpétrés par le Hamas envers les Israéliennes victimes de l’attaque du 7 octobre. Fâcheux oubli, en effet…