Mélenchon-Roussel, choc frontal

par Valérie Lecasble |  publié le 01/10/2023

Ces deux-là n’ont rien en commun hormis leur détermination à concourir pour la présidentielle de 2027. Guerre des idées, match des personnalités, ils sont fondamentalement concurrents

Le leader du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon (à gauche) et le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) Fabien Roussel (à droite) - Photo JOEL SAGET / AFP

Il ne s’en remet toujours pas. Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise (LFI), saisit la moindre occasion pour rappeler qu’il lui a manqué 400 000 voix pour figurer au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2022. Convaincu que, contrairement à Marine Le Pen, il avait les capacités de battre Emmanuel Macron. Il aurait alors été élu président de la République.

Avec un score de 2,28 %, Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, a recueilli 800 000 voix, deux fois plus qu’il n’en fallait au leader de La France insoumise. Chassant dans le même électorat, c’est donc le candidat communiste qui a empêché Jean-Luc Mélenchon de devenir président de la République.

Cette rhétorique construite par l’esprit torturé de Jean-Luc Mélenchon est la clé de la guerre qu’il livre depuis dix-huit mois à Fabien Roussel.

Alliés de circonstance au sein de la Nupes, ces deux-là sont en réalité de féroces adversaires. Ainsi s’expliquent les invectives à répétition de La France insoumise qui ne perd pas une occasion de critiquer Fabien Roussel jusqu’à le comparer au collaborationniste Jacques Doriot. Qu’importe le « Stop à l’insulte » brandi par 3 000 élus aux côtés du leader du PCF !

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Une étape supplémentaire vient d’être franchie par le leader de LFI Manuel Bompard qui demande au PS et à EELV de constater que le PCF a de facto quitté la Nupes. Raison invoquée : le refus de Fabien Roussel de présenter une liste commune aux élections européennes.

Au-delà de leurs ambitions concurrentes, ces deux-là ne sont d’accord sur rien. À commencer par le nucléaire dont Jean-Luc Mélenchon prône de sortir dans un avenir proche tandis que Fabien Roussel souhaite au contraire investir dans 14 nouveaux réacteurs nucléaires afin de permettre à la France d’obtenir sa souveraineté énergétique.

Plus globalement, entre Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, les différences de fond sont réelles. L’un est adepte des allocations et des subventions, l’autre met en avant la valeur du travail et les vertus de la croissance. L’un n’aime pas la police et dénonce les violences policières, quand l’autre réclame davantage de policiers sur le terrain pour plus d’ordre et de sécurité. L’un souhaite interdire la chasse le week-end et pendant les vacances scolaires, l’autre la défend comme une tradition française.

L’un promeut l’alimentation au quinoa, l’autre préfère la bonne viande, le bon vin et le fromage. L’un prône la « révolution citoyenne » et use de l’invective quand l’autre revendique une démarche de proximité populaire et défend la tranquillité pour tous. L’un alimente les émeutes urbaines, l’autre appelle au calme… Quant à la laïcité, c’est peu dire qu’ils n’en ont pas la même conception.

Ajoutez à tout cela la montée en puissance de Fabien Roussel devenu la personnalité politique préférée des Français et des électeurs de gauche chez qui il recueille 52 % d’opinions positives, et 58 % parmi les sympathisants LFI, voilà de quoi attiser le feu.

Pas de doute, ces deux-là sont irréconciliables et, s’ils le peuvent en 2027, ils iront jusqu’au bout.

À lire aussi le billet de Jean-François Kahn sur Jacques Doriot : https://lejournal.info/wp-admin/post.php?post=5029&action=edit

Valérie Lecasble

Editorialiste politique